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TimFaitSonCinema
May est une jeune jordanienne, de famille chrétienne, qui est expatriée à New York. Un mois avant son mariage avec un musulman, elle revient dans sa famille mais les choses ne vont pas être faciles, notamment avec sa mère. Mais elle peut compter sur ses sœurs qui la soutiennent de façon indéfectible.
Verdict:

A sa façon, la réalisatrice dit beaucoup d’un monde arabe plein de contradictions et de mutations, notamment sur la question de la place et du rôle des femmes. Mais à force de tout vouloir montrer, son scénario et son propos finissent par un peu trop s’effilocher. C’est correct mais pas transcendant…

Coup de coeur:

Hiam Abbas

La date de sortie du film:

07.05.2014

Ce film est réalisé par

Cherien DABIS

Ce film est tagué dans:

Comédie dramatique

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 La Critique


Honnêtement, ce n’est pas forcément le film que j’avais le plus envie de voir. Dans une période où il y a beaucoup de longs métrages que je ne peux pas aller visionner par manque de temps, me rendre à l’avant-première de May in the summer me semblait même un peu incongru. Mais les circonstances sont ce qu’elles sont et j’ai maintenant à critiquer un film qui, sur le principe, ne m’enchantait pas plus que cela et qui, finalement, m’a laissé plus froid qu’autre chose. C’est à Cherien Dabis que l’on doit ce May in the summer. Née aux Etats-Unis de parents palestiniens et jordaniens, la réalisatrice a toujours connu ce tiraillement des cultures qu’elle décrit dans ce film qui est son deuxième pour le cinéma et le premier pour lequel elle joue aussi, ce qui semble confirmer le côté très personnel du projet. Après avoir surtout été connue pour avoir participé à l’écriture de la série The L World, elle avait réalisé son premier film, Amerrika (pas vu), qui, visiblement, montrait plutôt la situation inverse (une jeune femme palestinienne se rend aux Etats-Unis). Il avait globalement été bien reçu par la critique et cela a encouragé Dabis à continuer dans cette voie. Pour son deuxième long métrage, elle a donc une quadruple casquette (scénariste, réalisatrice, actrice et productrice) qui a donc du lui demander un sacré travail (et une certaine schizophrénie, d’ailleurs). Elle nous raconte l’histoire d’une jeune expatriée qui revient dans sa Jordanie natale afin de préparer son mariage, mais qui va devoir faire face à toutes sortes de contrariétés, notamment avec sa mère qui n’accepte pas ce mariage, mais aussi à ses propres questionnements. Cherien Dabis en profite donc pour effectuer son analyse du monde arabe ou, en tout cas d’une Jordanie aux multiples facettes. Et elle le fait à travers une vision féminine car, et c’est l’un des aspects les plus marquants de May in the summer, ce ne sont presque que des femmes qui sont à l’écran.

 

Les quatre personnages principaux sont en effet des femmes : il y a May, évidemment, ses deux sœurs, qui, chacune, ont une personnalité bien marquée (nous y reviendrons) et leur mère qui a un rôle très important dans tout ce qui se passe. La place des hommes est donc minime : le futur mari est absent (et on entend uniquement sa voix), le père des trois filles n’est pas la figure la plus intéressante qui soit et le seul qui pourrait trouver grâce aux yeux du spectateur est Karim, cet ami rencontré et qui aide May. Néanmoins, il n’est pas vraiment développé. C’est une façon assez intéressante pour poser un regard sur un pays, la Jordanie (ou en tout cas sa capitale Amman), qui, visiblement est pris entre deux feux, celui d’une certaine modernité, incarnée par ces boites de nuit très « occidentales » mais aussi un rapport à la tradition très important. De ce côté-là, Cherien Dabis réussit plutôt pas mal son coup même si ça reste assez illustratif et pas vraiment explicatif. Mais cette volonté de montrer tout ce qu’est la société jordanienne aujourd’hui est aussi ce qui pose l’un des soucis de ce film. En effet, on a le sentiment que le scénario essaie de poser absolument toutes les questions (religion, place des femmes, homosexualité,…) et que, finalement, il s’y perd un peu. C’est par exemple le cas pour ces trois séquences où l’on voit May courir dans les rues et être reluquée ou sifflée par les hommes, et tout cela avec un effet ralenti pas forcément du meilleur goût. Ça ne sert pas à grand-chose, si ce n’est à montrer un état de fait et poser une problématique supplémentaire. Et c’est pour ça par rapport à un grand nombre de questions, qui s’accumulent de manière parfois désordonnée, comme si Cherien Dabis avait vraiment peur d’oublier quelque chose.

 

D’ailleurs, et cela est un peu le corollaire de ce qui a pu être dit précédemment, les personnages sont un peu trop caricaturaux, puisque, chacun à leur manière, ils sont un symbole de tout ce que veut montrer le film. C’est particulièrement le cas pour les deux sœurs qui sont aux antipodes bien que, chacune à leurs manières, elles représentent une forme de libération. La mère, elle, est un vrai symbole de rigueur (même si…) et elle est interprétée avec talent par la toujours parfaite Hiam Abbass qui lui apporte une vraie sensibilité. Globalement, le scénario manque de finesse puisqu’il ne parvient pas vraiment à mettre en lumière de façon efficace toutes les intentions de la réalisatrice mais est plutôt mécanique dans sa construction. Beaucoup de situations et de dialogues sont convenus et attendus et répondent, chacun à leur façon, à chacune des problématiques évoquées. Et le scénario souffre aussi de la manière dont il positionne le film. En effet, on se trouve toujours entre le drame et la comédie. Certains longs métrages réussissent véritablement à gérer ces deux aspects mais ce n’est pas vraiment le cas ici puisqu’on a plus le sentiment qu’ils sont plus superposés que vraiment imbriqués. Et le ton du film s’en ressent puisqu’il est assez étrange et on ne sait pas bien comment se positionner par rapport à cette façon de faire qui mêle un peu tout sans trop de hiérarchie. Et puis, le passage final vers le vaudeville n’est ni très utile, ni forcément extrêmement intéressant. Au final, ce n’est donc pas déplaisant mais ça ne fait pas non plus beaucoup avancer le schmilblick. Ça ne se veut pas non plus un film militant mais plutôt une plongée personnelle dans une société qui évolue beaucoup. Au moins, même s’il y a quelques petites longueurs, on ne s’ennuie pas vraiment mais on a du mal à s’attacher aux personnages principaux et à leurs états d’âme. Et c’est un peu dommage.




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