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MÈRE ET FILS

Cornelia fait partie de la haute société roumaine. Mais elle a beaucoup de mal à avoir des relations apaisées avec son fils, ne se rendant pas vraiment compte qu’elle est sans doute trop possessive. Lorsque ce fils commet un accident mortel, les relations vont encore évoluer…
Verdict:
Un chronique familiale autant que sociale sur ce qu’est la Roumanie aujourd’hui. Dommage que l’ensemble soit un peu trop long sur les bords et ne soit pas aussi fort que la séquence finale. L’actrice principale porte littéralement le film.
Coup de coeur:

Luminita Gheorghiu

La date de sortie du film:

15.01.2014

Ce film est réalisé par

Calin Peter NETZER

Ce film est tagué dans:

Drame familial

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 La Critique


Si Christian Mungiu (4 mois, 3 semaines, 2 jours ou Au-delà des collines) s’est depuis quelques années érigé en étendard le plus connu du Septième Art roumain contemporain, il n’est pas le seul à faire du cinéma et dans ce pays de tradition latine, c’est encore une activité qui perdure avec pas mal de vigueur et des talents reconnus. En France, tous les films ne sortent pas forcément, et surtout pas dans un grand nombre de copies. Alors, déjà, il faut saluer la présence à l’écran de ce film qui s’est surtout fait connaître en remportant l’Ours d’Or au dernier Festival de Berlin, remis par Wong Kar Wai, Président du Jury. Normalement, c’est plutôt gage de qualité même si, depuis quelques années, mis à part Une séparation, les films récompensés à la Berlinale n’ont jamais connu de grandes carrières. Là, Mère et fils a été présélectionné pour représenter la Roumanie à l’Oscar sans faire partie de la liste finale de cinq et, en France, connaît une distribution plutôt honnête même si, après une semaine, il a pas mal été déprogrammé dans les cinémas. Il ne fallait donc pas rater l’occasion d’aller voir un représentant de cette nouvelle vague roumaine et de se faire une idée sur un film que la critique a dans l’ensemble plutôt aimé. Et, honnêtement, c’est un long métrage que j’ai eu du mal à réellement apprécier. D’abord parce qu’il m’a fallu beaucoup de temps pour rentrer dedans (quasiment une heure) et qu’ensuite, mises à part les toutes dernières minutes que j’ai trouvées particulièrement fortes, l’ensemble ne m’a pas vraiment séduit tant j’ai trouvé que le réalisateur « jouait » parfois trop au lieu d’aller à l’essentiel et de gagner en efficacité. Pourtant, c’est loin d’être un mauvais film et, même, dans son genre, il n’est pas inintéressant.

Mère et fils est donc, comme son nom l’indique, une vraie chronique familiale mais, dans les faits, on voit bien plus la mère que le fils. Ce dernier n’est finalement qu’un objet aux mains de sa propre mère qui fait la pluie et le beau temps. Les deux ont en tout cas une relation très compliquée, qui n’est pas améliorée par l’événement tragique qui survient et qui va pousser Cornelia à s’occuper encore plus (ou en tout cas différemment) de son fils. C’est évidemment un parti-pris de ne montrer presque que cette mère, car c’est elle qui est vraiment intéressante mais les rapports qu’elle a avec Barbu (c’est le nom de son fils, ça ne s’invente pas) perdent en intensité tant ils sont déséquilibrés. Et je ne parle même pas de ceux avec son mari qui, pour le coup, n’essaie même plus de « lutter ». Mais c’est vrai que cette Cornelia est un vrai personnage qui a une intensité assez incroyable. En trois séquences (dont un anniversaire entouré d’amis sur fond de musique du plus mauvais goût), on a à peu près cerné le personnage et, à première vue, elle agace plus qu’autre chose avec son côté extrêmement autoritaire et sûre d’elle. C’est le genre de personnages assez troubles au cinéma car, en tant que spectateur, c’est compliqué d’avoir de l’empathie pour elle, et donc de s’intéresser à son cas. Mais au fur et à mesure qu’avance le film, on comprend certaines de ses fêlures et, à la fin, on ne sait plus bien quoi en penser. Elle est en tout cas interprété par une actrice, Luminita Gheorghiu assez formidable, qui est de tous les plans (ou presque) et qui réussit à montrer cette femme sous tous ses aspects, des plus désagréables aux plus touchants. Sacrée performance de sa part qu’il faut absolument saluer.

Le problème avec Mère et fils, c’est que, s’intéressant uniquement à la mère, ça manque parfois d’une vraie intensité dramatique. Pourtant, les enjeux sont présents (comment éviter une grave peine au fils suite au tragique accident ?) mais ils sont presque toujours en toile de fond et jamais réellement confrontés. Et cela donne un rythme assez particulier, qui est surtout notable dans une première heure assez compliquée car spécialement lente, avec de très longues séquences, souvent tournées d’une seule traite. C’est encore le cas dans la seconde moitié du film mais je trouve que les enjeux sont resserrés et l’ensemble passe donc bien mieux. Et ce n’est qu’à la fin, dans les toutes dernières minutes, et grâce à une séquence finale très forte, que l’émotion, très longtemps contenue, ressort un peu plus. On finit donc sur une meilleure note. Plus que des actes, ce sont dans ce film des dialogues qui sont au cœur de tout ce qui se passe et ce sont eux qui éclairent vraiment ce que l’on peut voir à l’écran. Au cours de la deuxième heure, quatre discussions en particulier (la mère avec, à chaque fois, un personnage différent) nous font comprendre qui est vraiment cette femme, dans son rapport à sa famille, mais aussi au monde en général. Car, autant qu’une chronique familiale, Mère et fils est une terrible charge contre la Roumanie postcommuniste actuelle. Tout ou presque y passe, de la corruption rampante aux rapports de classe très compliqués. Le tableau est sans concession et particulièrement sombre… C’est là que le film est vraiment intéressant mais sans doute Mère et fils aurait gagné à interroger encore plus ces travers d’une société qui, visiblement, manque encore de repères. Le personnage de cette femme qui évolue dans un milieu aisé aurait pu le permettre davantage. En restant trop sur le côté purement relationnel, sans doute le long-métrage perd-il encore un peu de la puissance qu’il aurait vraiment pu dégager. C’est pourquoi ce film nous laisse un peu sur notre faim.



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