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TimFaitSonCinema
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METRO MANILA

Oscar, sa femme Mai et leurs deux enfants doivent quitter leur campagne natale puisqu’ils ne récoltent plus assez. Pour assurer leur survie, ils doivent migrer jusqu’à Manille, capitale des Philippines. Là-bas, rien ne sera facile…
Verdict:
Malgré quelques longueurs, Metro Manila est un film qui marque tant par l’histoire de ce couple que par l’image donnée de la capitale des Philippines. Une vraie plongée, pas toujours agréable, que nous offre ce long-métrage. Plutôt une bonne surprise.
Coup de coeur:

La manière de lier drame et thriller

La date de sortie du film:

17.07.2013

Ce film est réalisé par

Sean ELLIS

Ce film est tagué dans:

Drame

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 La Critique


Après une comédie (Cashback en 2006) et un film fantastique (The Broken deux ans plus tard), que je n’ai pas vu tous deux, le réalisateur britannique Sean Ellis revient cette année avec un long métrage qui oscille entre drame et thriller et qui se déroule aux Philippines. On a comme l’impression qu’après deux œuvres qui n’avaient pas été épargnées par la critique et qui n’avaient pas forcément rencontré un immense succès public, le metteur en scène voulait effectuer une forme de nouveau départ. Il se rend donc dans un pays que je n’avais encore jamais vu évoqué au cinéma (pourtant, Brillante Mendoza, réalisateur souvent en compétition à Cannes en est originaire), avec des acteurs locaux et un sujet complètement en prise avec ce qui peut véritablement se passer là-bas. Ce n’est donc pas un long-métrage qui montre des occidentaux à qui il arrive des aventures dans une région asiatique (comme Very Bad Trip 2 ou encore Only God Forgives notamment) et qui a forcément un regard décalé. Là, non, on commence les pieds dans les rizières des campagnes environnantes pour continuer en plein cœur de cette jungle urbaine que semble être Manille. Et on effectue ce voyage tout en découvrant ce nouvel univers à travers les yeux de cette famille que pas grand-chose n’épargnera. Entre drame, thriller, film d’amour et chronique quasi-documentaire, ce Metro Manila est un film qui a vraiment de l’intérêt et qui, parfois, fait même passer pas mal d’émotions. Une jolie réussite, même si son audience risque d’être confidentielle.

On peut dire que Metro Manila est un film plutôt intelligent dans la manière dont il est construit. En effet, rien n’est laissé au hasard et le film se décompose vraiment en deux parties séparées par une séquence clé au milieu. Dans la première, on assiste vraiment à la découverte de la ville, avec tous les problèmes qui vont avec ainsi qu’à la recherche d’un emploi pour le couple. Celui-ci trouvé pour les deux (ils sont montrés lors de la séquence médiane), le film bascule plus dans le thriller dans sa deuxième moitié avec tout ce qui va arriver notamment à Oscar, justement par rapport au job qu’il a pris. C’est cette façon de lier intimement le drame et le thriller qui fait de ce film un objet cinématographique plutôt intéressant. On est, en tant que spectateur, face à un vrai drame quand nous est montré la dureté de la ville et de ses habitants (en tout cas ceux qui profitent de la misère des autres). Les nouveaux arrivants apparaissent comme de véritables proies qu’il faut absolument dépouiller et dont on peut faire ce que l’on veut. Toute cette première partie a un côté quasi-documentaire puisqu’on voit plusieurs évènements s’enchaîner (recherche d’un appartement, expulsion, changement de lieu, quête d’un boulot). D’ailleurs, cela restera en toile de fond de tout Metro Manila car, jusqu’au bout, on aura droit à des passages assez terribles, car démonstratifs de réalités comme la corruption, la violence ou bien encore la perversité. En ce sens, on peut parler de ce film comme plutôt universel dans ce qu’il montre du monde d’aujourd’hui : l’exode rural et la découverte souvent très violente de la ville, de sa mentalité et de ses vices. C’est peut-être un peu cliché sur le principe mais, dans l’ensemble, ce n’est pas si faux et montré ici de manière plutôt fine.

La seconde moitié du film tombe plus dans le thriller puisqu’une affaire nait dans le travail d’Oscar et la tension monte peu à peu. D’ailleurs, Sean Ellis est plutôt doué pour mettre au spectateur des petits coups d’adrénaline. Ce n’est pas non plus bien violent mais, à certains moments, on se dit qu’il va vraiment se passer quelque chose et puis, pas forcément. En même temps, le rythme global du film est plutôt lent mais je trouve que l’on s’y fait plutôt bien puisqu’il y a un côté presque un peu contemplatif (ce n’est pas du Malick non plus, attention). Néanmoins, certaines longueurs se font jour et tous les plans ne sont pas toujours d’une utilité flagrante. Le réalisateur insiste pas mal sur des plans d’ensemble (de la campagne puis de la ville) mais il a aussi une volonté non démentie de toujours aller filmer au plus près des personnages avec énormément de gros plans sur les visages. C’est de ce côté-là assez impressionnant et cela s’inscrit dans cette logique quasi-documentaire qui semble vraiment guider le travail de Sean Ellis. On peut véritablement le remercier pour ce long métrage qui offre en plus une jolie fin, à la fois assez triste mais pleine d’espoir. Il signe avec Metro Manila le genre de film dont on se souvient plus tard avec quelques images clés et une ambiance générale. Ce n’est pas parfait ni génial mais il s’en dégage quelque chose et c’est aussi (et peut-être surtout) le rôle du cinéma. Dans une année 2013, il faut bien le dire, plutôt morose, Metro Manila sera à n’en pas douter dans le haut du panier à l’heure des bilans…



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