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TimFaitSonCinema
Dans les années 60, sur une île américaine, un jeune scout et une fille assez malheureuse décident ensemble de fuguer. A leur poursuite, le chef de la troupe, les scouts eux-mêmes, les parents, un policier désabusé, les Affaires sociales… Et ce n’est pas gagné…
Verdict:
Parfois un peu trop stylisé, Moonrise Kingdom n’en est pas moins très amusant et plein de petites trouvailles. Du Wes Anderson pur jus !!
Coup de coeur:

Cet univers totalement fou

La date de sortie du film:

16.05.2012

Ce film est réalisé par

Wes ANDERSON

Ce film est tagué dans:

Comédie

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 La Critique


Dans ma critique précédente, je parlais du cinéma de Tim Burton comme particulièrement singulier et reconnaissable entre tous, au point que l’on pouvait parler de « marque ». Avec Wes Anderson, on est un peu dans la même problématique. Depuis ses débuts au milieu des années 1990 et dans tous ses films, on reconnaît vraiment sa patte. C’est particulièrement le cas pour ses trois derniers longs-métrages : La vie aquatique, A bord du Darjeeling Limited ou même le film d’animation Fantastic Mr. Fox. Le style Wes Anderson, c’est un propos complètement décalé, des situations souvent absurdes, des dialogues surréalistes et un aspect visuel particulier. Personnellement, j’ai toujours apprécié ses films car c’est un humour qui me plaît et une identité visuelle que je trouve très intéressante. Avec Moonrise Kingdom, film qui fait l’ouverture du Festival de Cannes, il renoue avec certains de ses acteurs favoris : Bill Murray ou Jason Schwartzman et en fait entrer des nouveaux dans son univers : Bruce Willis, Edward Norton, Frances McDormand ou encore Tilda Swinton. Vu comme cela, le casting donne vraiment envie. Mais, en fait, on ne voit qu’assez peu tous ces acteurs, car ce film est basé sur les enfants et notamment ce jeune couple de fugueurs.

En effet, ce film est avant tout dédié aux jeunes, et à ce passage de l’enfance à l’âge adulte pour deux protagonistes qui ne sont pas bien dans leur peau, rejetés par la famille (pour elle) ou par la bande de scouts (pour lui). Ce sont de véritables personnages en marge, comme toujours dans les films de Wes Anderson. Ce voyage qu’ils vont accomplir, loin d’adultes qui ne les comprennent pas, et dans une vision quelque peu fantasmée de la vraie vie, va leur permettre de se découvrir un amour naissant. Celui-ci va faire qu’ils ne vont pas abandonner leur projet, même quand les adultes parviennent à leur mettre la main dessus. Ce qui est d’ailleurs assez amusant, c’est de voir la façon dont ces deux jeunes enfants sont en réalité presque plus matures que les adultes qui les entourent. Le flic, interprété par un Bruce Willis en grande forme, est complètement dépassé par la situation, sans parler du chef de troupe (Edward Norton, au top) qui, lui, ne comprend plus bien ce qui lui arrive. Les parents de la jeune Suzy sont, eux-aussi, assez formidables dans leur côté complètement déconnectés de ce qu’ils devraient être. Tout cela donne une histoire poétique, souvent très drôle et quelques fois assez touchante. C’est vrai que c’est assez léger dans l’ensemble et que ça ne va pas non plus chercher bien loin. Mais ce n’est pas ce que l’on recherche avec ce film.

Le style de Wes Anderson permet de bien faire passer une histoire simple grâce, d’abord, à un vrai talent dans l’écriture. En effet, les dialogues sont parfois vraiment hilarants, plein de décalages minimes et de malentendus géniaux. Les situations dans lesquelles se retrouvent les personnages sont souvent complètement ubuesques, justement parce que le monde que ce réalisateur met en place ne tourne pas forcément très rond. Il a surtout un véritable don pour mettre, dans toutes les scènes, quelque chose de décalé ou même de complètement fou. Ce sont par exemple de tous petits détails (tout le monde passe en dessous d’une porte avant que le dernier ne la franchisse puisqu’elle est ouverte,…) qui donnent au film une vraie ambiance mais aussi un côté extrêmement drôle et jubilatoire. A ce titre, rien que le fait que l’« Action sociale » soit représentée par un personnage à part entière (Tilda Swinton, en l’occurence) est une idée assez simple, mais qui s’inscrit dans tout cet univers un brin désaxé. Au niveau de sa réalisation, on reconnaît la patte Wes Anderson, pas de problèmes de ce côté. Les travellings très nombreux (notamment celui du début), ce travail sur la couleur (les pastels, très importants), l’importance de l’univers musical ou encore les interruptions de voix-off pour décrire des éléments factuels : tout cela permet de retrouver l’univers particulier de cet artiste, que j’apprécie plutôt et qui, en tout cas, me fait beaucoup rire.

Mais Moonrise Kingdom atteint parfois un point qui est le revers de la médaille du cinéma de Wes Anderson : tellement à la recherche d’un style propre qui se doit de primer sur tout, le réalisateur oublie parfois de véritablement incarner son film. On pourrait presque parler pour quelques séquences, d’un maniérisme un peu trop forcé. Certains personnages passent plus comme des silhouettes qui, si elles s’insèrent parfaitement dans son univers, ne sont pas véritablement utiles à l’histoire ou au film dans son ensemble. Pour quelques séquences, c’est aussi l’impression que l’on peut avoir : tout est fait pour l’esthétique, uniquement. Ca peut avoir un côté un peu agaçant, mais, assez vite, le réalisateur arrive à revenir à quelque chose de plus « vivant », par un dialogue ou par une image qui permet de se raccrocher à l’histoire. En tout cas, le cinéma de Wes Anderson a ceci de génial qu’il regorge de vraies idées de cinéma, de petites touches délicates en plans vraiment inventifs. Il nous emmène en tout cas véritablement dans un monde à part, finalement pas si loin de la réalité mais qui s’en éloigne toujours grâce à des éléments parfois minimes mais toujours révélateurs de cet état d’esprit particulier. Wes Anderson, c’est avant tout ce décalage permanent, et c’est pour cela que l’on apprécie ses films.



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