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TimFaitSonCinema
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NIGHT MOVES

Trois environnementalistes montent le projet de faire sauter un barrage hydroélectrique. Mais mesurent-ils vraiment les conséquences de leur acte et ce que cela va changer dans leur vie ?
Verdict:

Alors que la première moitié du film est plutôt réussie et intense, plus on avance vers la fin, moins c’est intéressant et maitrisé. On ressort donc frustré alors que Night moves pose beaucoup de questions et souvent de manière intelligente. Mais ça ne suffit pas toujours…

Coup de coeur:

Jesse Eisenberg

La date de sortie du film:

23.04.2014

Ce film est réalisé par

Kelly REICHARDT

Ce film est tagué dans:

Drame Thriller

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 La Critique


Kelly Reichardt est l’une des figures de ce cinéma indépendant qui, malgré la place toujours plus importante accordée aux superproductions et aux films des grands studios, continue d’exister et de produire, années après années, de très nombreux longs métrages qui, parfois, passent l’Océan Atlantique pour arriver chez nous. C’est notamment grâce à des Festivals comme Sundance aux Etats-Unis ou encore celui du Film américain de Deauville que ces films se font connaître. Pour cette réalisatrice, c’est déjà la cinquième fois qu’elle met en scène un long métrage mais ses précédents n’avaient pas vraiment connu beaucoup d’écho en France, malgré la présence de Michelle Williams (qui n’était pas aussi reconnue qu’aujourd’hui, il faut bien le dire) dans les deux derniers. Pour Night moves, c’est un peu différent car le film a remporté le grand Prix à Deauville l’année dernière et il s’avance avec une critique particulièrement conquise. Sans avoir vu les précédents films de Kelly Reichardt, je savais que son cinéma était plutôt considéré comme assez lent et qu’il ne fallait donc pas s’attendre à un thriller mené tambour battant. Effectivement, ce n’est pas le cas car Night moves, s’il ménage ses moments de tension propres aux films noirs, n’en reste pas moins un long métrage marqué par le temps qui est pris pour bien décortiquer chacune des actions et des réactions de chacun des personnages. Ainsi, plus qu’un thriller, c’est plutôt un drame intimiste que nous offre la réalisatrice. Et, honnêtement, j’ai eu un peu de mal à me faire au rythme et à véritablement entrer dans l’ambiance qui est recherchée par cette dernière. De fait, j’ai le sentiment d’être passé un peu à côté et ça m’embête quand même…

 

Night moves se décompose en deux parties qui sont à peu près de même durée et qui sont séparées par l’acte terroriste en lui-même (que l’on ne voit pas mais que l’on entend seulement). Pendant presque une heure, on suit la minutieuse préparation des trois compagnons et l’exécution de leur tâche (de l’achat du bateau à l’action à proprement parler). Et ce qui est très surprenant, c’est que le scénario ne prend pas du tout le temps d’expliquer qui sont ces personnages. On rentre directement avec eux dans l’action. On comprend juste qu’ils sont militants écologistes, mais, à première vue, rien ne les prédestine vraiment à devenir des terroristes de grande ampleur. En ce sens, le film est intéressant car il oblige le spectateur à s’interroger sur ce qui peut pousser à faire un tel acte, sur la manière dont des destins se réunissent,… Tout cela est évoqué mais jamais réellement expliqué. Et on ne peut pas dire non plus que Night moves soit un film à proprement parler écologique ou en tout cas de pur militantisme. On ne sait rien des motivations profondes des personnages. Néanmoins, la manière dont elle filme la nature en général (qu’elle soit sauvage ou utilisée comme matière première agricole) nous renseigne tout de même sur ce que doit penser réellement Kelly Reichardt, bien qu’elle garde une certaine neutralité qui donne à ce film un côté finalement assez mystérieux. De plus, d’autres éléments entretiennent cette ambiance presque énigmatique autour de ce trio à première vue assez improbable : quelle est la vraie nature de la relation entre les deux plus jeunes (Josh et Dena) ? Qui est vraiment Harmon, l’artificier de la bande ? On sait qu’il a fait un peu de prison mais ça ne va pas plus loin. Ainsi, le film aime multiplier les questions sans réponses qui permettent de s’attarder davantage sur ce qui semble intéresser le plus la réalisatrice, à savoir la réaction des protagonistes après leur acte.

 

Et  c’est en fait l’objet de toute la seconde moitié du film que j’ai personnellement trouvé bien moins intéressante et dans l’ensemble assez poussive. Et, de manière assez contradictoire, là où une vraie tension s’instaurait alors qu’on savait très bien que l’opération allait réussir, il n’y a plus vraiment de suspense ensuite malgré le fait que la police soit aux trousses de ceux qui ont fait cela. Le film ne s’intéresse aucunement à l’enquête mais bien à la manière dont chacun (et surtout Josh, sur lequel Night moves se recentre) fait face à un acte qui a peut-être dépassé ce qui était attendu. C’est à partir de là que les longueurs se font bien plus intenses et que l’on a de plus en plus de difficultés à réellement voir où la réalisatrice veut nous emmener. D’ailleurs, la fin est un peu bâclée, comme si, justement, ne sachant plus trop dans quelle direction aller, Kelly Reichardt préférait couper au plus court. Ce qui sauve un tout petit peu cette seconde partie, c’est Jesse Eisenberg, qui joue très bien ce mélange de peur et de paranoïa qui habite son personnage. Il ne sait plus trop quoi faire et tout lui semble suspect. Dakota Fanning, elle, est plutôt correcte. Sinon, c’est un peu trop limité et la réalisatrice joue énormément sur sa mise en scène assez stylée mais particulièrement lente. C’est sûr que c’est son style de prendre son temps et de s’inscrire en contradiction totale avec la majeure partie de la production actuelle (bruyante et frénétique). Mais le souci, c’est qu’à force de trop en faire, elle finit par perdre le spectateur qui ne voit plus vraiment d’intérêt à suivre ces personnages livrés à eux-mêmes. C’est vraiment dommage que Kelly Reichardt n’arrive pas à maintenir le même niveau de tension qu’elle réussit à instaurer pendant toute la première moitié du long métrage. Car ça laisse le spectateur sur sa faim alors qu’il y a du bon dans ce film…




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