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TimFaitSonCinema
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SUR LA ROUTE

Dans l’immédiat après-guerre, Sal Paradise est écrivain et vit à New York. A la mort de son père, il fait la rencontre de Dean Moriarty, un ancien repris de justice. Avec ce dernier et parfois seul, il va parcourir l’Amérique, à la recherche d’aventures. Ces voyages seront la base de son livre.
Verdict:
S’il est formellement plutôt réussi, Sur la route manque clairement de souffle. Jamais vraiment ennuyant mais pas plus exaltant, ce film ne restera pas dans les mémoires.
Coup de coeur:

La photographie

La date de sortie du film:

23.05.2012

Ce film est réalisé par

Walter SALLES

Ce film est tagué dans:

Drame

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 La Critique


Mettons les choses au clair d’emblée, je n’ai jamais lu le « roman culte » de Jack Kerouac duquel est tiré ce film – d’ailleurs, pour tout le monde, ce livre était à peu de choses près inadaptable. Cela semblerait donc presque être le cas pour tous les films avec le mot « route », puisque du magnifique roman de Cormac McCarthy, que je considérais personnellement comme très difficilement adaptable, John Hillcoat avait tiré un film plutôt réussi, dans son genre. En tout cas, je ne pourrai pas faire le grand jeu de la comparaison livre-film, jeu qui risque d’être de plus en plus souvent à effectuer puisque les adaptations se multiplient plus que jamais en ce moment… Mais, finalement, là n’est pas vraiment l’important car un long-métrage a toujours quelque chose de singulier qu’il nous faut analyser, a fortiori quand on ne connaît rien du livre. Présenté en compétition à Cannes, ce film a surtout fait du bruit pour la présence sur le tapis rouge (et, donc, accessoirement dans le long-métrage) de Kristen Stewart, actrice starifiée de la saga Twilight. Passons rapidement sur la grande tristesse de ce traitement médiatique people qui est malheureusement trop fréquent dans ce Festival (cette actrice n’a pas non plus le plus grand rôle du film et n’en constitue en tout cas pas le point d’attention central), pour nous intéresser au long-métrage en lui-même. Et justement, le problème, c’est qu’il n’y a pas grand-chose d’intéressant…

Pendant plus de deux heures et quart, on suit les tribulations de ce personnage, au demeurant pas déplaisant, de Sal Paradise. On le voit avec ses amis, en train de boire, de fumer et de prendre toutes sortes de substances illicites. C’est bien, car cela montre le milieu des intellectuels new-yorkais de cette époque, même si le personnage de Dean Moriarty introduit un côté encore un peu plus borderline. Mais tout cela se répète tellement souvent que ça en devient, à la longue, quelque peu fatiguant. Walter Salles parvient néanmoins parfaitement à montrer l’ambiance qui pouvait exister avec ce type de personnes (musique à la mode, discussions plus ou moins philosophiques, relation aux filles assez simplifiée). Le problème majeur de ce film se situe dans cette façon dont on a l’impression que c’est toujours un peu la même chose qui se déroule sous nos yeux. Il n’y a aucune évolution chez ces personnages, et notamment Sal et Dean, les deux meilleurs amis qui vont parfois se séparer mais finalement toujours se retrouver. Ils font ensemble plusieurs fois le trajet entre l’Est et l’Ouest des Etats-Unis en passant par La Nouvelle-Orléans ou encore Denver afin de rencontrer, déposer ou récupérer d’autres de leurs amis. Ces voyages sont un peu tous similaires, même si les protagonistes changent parfois. C’est toujours la même vie de débauche, faite de petits vols et de rencontres un peu étranges. De nombreux personnages sont ainsi abordés, et alors que beaucoup d’entre eux pourraient être intéressants, le scénario préfère ne pas les creuser mais plutôt continuer ce voyage sans fin et, surtout, sans but. Il y a pourtant un vrai potentiel inexploité et c’en est d’autant plus frustrant. On pourrait dire presque la même chose des acteurs puisque Sam Riley, par exemple, ne semble pas vraiment incarner son personnage mais lui-aussi se contente de l’ « accompagner » sans lui donner une véritable consistance. C’est un peu mieux pour Garrett Hedlund, même s’il n’y a pas de quoi tomber de son siège…

Au fond, après la séance, on se demande un peu ce que le réalisateur a voulu montrer avec ce film car il n’y a pas véritablement de fond et pas de point de vue non plus. Walter Salles semble se contenter de suivre ses personnages à la trace sans forcément prendre de recul sur ce qu’ils font, ce qu’ils cherchent et sur la façon dont ils pourraient évoluer. C’est juste une succession de scènes – une soirée, un voyage en voiture, une soirée, un… – sans que les personnages évoluent véritablement puisqu’ils font toujours les mêmes bêtises et les mêmes blagues tout au long de leur histoire. Tout cela est accompagné d’une voix-off, ce qui montre une nouvelle fois la difficulté pour scénaristes et metteurs en scène de se séparer de cet artifice quand il s’agit d’adapter un roman.

Pourtant, formellement, on peut considérer ce film comme réussi puisqu’il est visuellement plutôt beau avec une photographie cohérente et de qualité tout au long du film (sorte de filtre un peu jaunissant, qui plonge encore plus dans cette époque) et une réalisation qui épouse plutôt bien son sujet. L’idée de mouvement perpétuel, très présente dans la philosophie de ces jeunes-là, est bien présente. Mais, en même temps, ils en reviennent toujours au même point, comme la musique (par ailleurs assez agaçante) en est le symbole : un même thème se répète inlassablement pendant leurs trajets. Malheureusement, sans un véritable propos, tout cela reste assez vain. Par conter, ce qui est assez étrange, c’est que l’on ne s’embête jamais vraiment, sans que ce soit non plus exaltant, loin de là. Il y a une sorte de rythme imprimé à ce film, qui fait que l’on ne s’y ennuie pas. Mais ça ne va pas beaucoup plus loin et c’est dommage. Et si tout, finalement, se retrouvait dans cette première séquence : on suit des pieds qui avancent sur une route, en restant au niveau du sol, sans prendre de hauteur. C’est bien le problème de ce film qui n’arrive jamais à décoller. Souvenons-en-nous : il faut toujours se méfier d’un premier plan…



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