L'Article
TOUR DE FRANCE (29 JUIN / 21 JUILLET)
La caravane, les étapes de montagne, les « chutes à l’arrière du peloton ! », les maillots distinctifs, les paysages magnifiques... Bref, c’est le Tour de France, la plus grande course cycliste au monde. Et, pour la centième édition, ça n’a pas forcément été le feu d’artifice annoncé.
Un beau parcours
On dit souvent « Ce sont les coureurs qui font la course », ce qui n’est pas faux en un sens. Mais pour avoir un bon Tour de France, il est aussi nécessaire que le parcours soit de qualité. Pour la centième édition, Jean-François Pescheux, dont c’était la dernière avant sa retraite, avait donc un peu de pression sur les épaules. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que, cette année, le Tour était vraiment bien tracé : équilibré, réservant des paysages magnifiques, offrant des nouveautés et laissant place aux lieux de légende. Les trois premiers jours en Corse, s’ils ont donné visiblement lieu à des couacs du point de vue organisationnel, ont été une réussite magistrale sur le plan des paysages (ah, cette troisième étape le long des calanques) mais aussi pour l’intérêt d’une course qui a souvent été mouvementée. Le contre-la-montre par équipe n’a pas défavorisé outre-mesure l’un des leaders du fait de sa longueur relative. Les Pyrénées étaient volontairement light cette année mais ont laissé place à une course débridée. L’effort individuel avec le Mont Saint Michel en arrière plan pour l’arrivée était une chouette idée et la dernière semaine était sur le papier absolument exceptionnelle (Ventoux, contre-la-montre en montagnes russes, Alpe d’Huez en double, dernière étape ultra nerveuse,…) même si, dans les faits, elle ne l’a pas forcément été. Enfin, l’idée de faire cette dernière étape à la nuit tombante était vraiment bonne et le podium avec les éclairages sur l’Arc de Triomphe restera longtemps dans les mémoires. Vraiment, cette année, on a été servi du point de vue du parcours. Après, pour ce qui est de la course en elle-même, je serais plus mesuré, renforcé par le fait que j’ai raté les deux étapes où il s’est véritablement passé quelque chose (la deuxième des Pyrénées et celle de la bordure vers Saint-Amand Montrond).
Et ça fait Froome !
Comme l’an dernier il y avait avant le départ du Tour un immense favori. Comme en 2012, il était britannique, courait pour le Team Sky et arrivait avec une telle pancarte qu’il était difficile d’imaginer un autre vainqueur. La seule différence, c’est qu’il ne s’agissait pas du même homme puisque de lieutenant de luxe de Bradley Wiggins (parfois même plus impressionnant en 2012 que son leader), Christopher Froome, passait au statut de number one. Tout au long de la première moitié de la saison, il avait montré qu’il serait très compliqué de le battre en juillet. Effectivement, dans les faits, cela s’est avéré totalement impossible et après avoir assuré lors de la première semaine, il a tué la course dès la première vraie difficulté (la montée vers Ax-3-Domaines). Et si son équipe n’a pas été aussi dominatrice que prévue (notamment dès le lendemain), le seul suspense a vite été de savoir qui ferait deuxième derrière l’imbattable Froome. Finalement, ce sont de vrais outsiders (Quintana et Rodriguez) qui ont su au mieux tirer les cartes d’un jeu rebattu par les faillites ou les incidents mécaniques des favoris potentiels. Par contre, pour la première place, il y avait un gouffre comme la démonstration sur le Ventoux l’a montré, même si, en fin de Tour, le Britannique était clairement moins saignant.
D’ailleurs, cette montée vers le Géant de Provence a suscité beaucoup de suspicions et de commentaires, notamment du fait d’une attaque il faut le dire assez incroyable (posé sur sa selle, Froome a mis une accélération qui a laissé sur place jusqu’aux motos qui le précédaient). Personnellement, je ne suis pas de la frange des « tous dopés » et j’ai une tendance à être plutôt optimiste pour l’avenir du cyclisme même si les évènements récents ont plutôt prouvé le contraire. Chris Froome fait finalement un vainqueur presque trop impressionnant dans ce contexte et donc, forcément, l’objet de suspicions en tout genre, voire même d’une forme d’acharnement de certains médias. Jusqu’à présent, pourtant, ce coureur (qui a subi 24 contrôles anti-dopage pendant les trois semaines du Tour) ne s’est jamais fait attraper par la patrouille. On doit donc le (et y) croire même si, maintenant, le doute sera toujours permis et n’importe quel coureur cycliste devra vivre avec la suspicion. C’est très triste mais c’est ainsi. Il ne reste plus qu’à espérer que, dans quinze ans, on ne soit pas obligé de réviser les classements de cette édition…
Et les français dans tout ça ?
Alors que les années précédentes nous avaient habituées à des maillots distinctifs ou un grand nombre de vainqueurs d’étape, le bilan 2013 du côté français n’est guère fameux, si l’on regarde les choses objectivement. Pierre Roland s’est cassé les dents sur le maillot à pois, comprenant très vite qu’il n’avait pas la forme pour viser une place au général ; Thibault Pinot a été miné par des problèmes d’ordre psychologique dans la première étape des Pyrénées (dans les descentes, surtout) avant de voir le physique lâcher à son tour et abandonner avant la dernière semaine; Jean-Christophe Péraud a vu tous ses espoirs de finir dans le Top 10 (potentiellement le Top 7) lors d’une journée noire autour du lac de Serre-Ponçon ; Thomas Voeckler a tenté mais a été étonnamment à contretemps ; Sylvain Chavanel a lui aussi essayé sans toujours que ça soit vraiment franc ; le récent champion de France Arthur Vichot a été étrangement invisible ; l’équipe Cofidis dans son ensemble est plutôt passée à travers et la Saur Sojasun aurait pu repartir avec une victoire à Lyon mais se contente sans doute du prix du plus grand nombre d’échappées ; …
Finalement, la seule satisfaction vient de l’équipe AG2R-La Mondiale, en train de devenir vraiment la meilleure formation française du peloton. Avec Jean-Christophe Péraud, elle visait une place dans le Top 10 (raté, comme on l’a vu) mais elle a surtout eu une victoire de prestige avec le numéro incroyable de Christophe Riblon sur les quarante-deux virages de l’Alpe d’Huez. Alors que l’on commençait déjà à se lamenter sur un Tour sans victoire française, Riblon (aussi super-combatif du Tour) a remporté en costaud une étape forcément mythique en déposant à deux kilomètres de l’arrivée l’Américain Van Garderen. C’était beau et grand. La formation de Vincent Lavenu a aussi eu la chance de voir définitivement éclore un vrai bon jeune coureur en la personne de Romain Bardet. Au final quinzième du classement général à vingt-deux ans, il a encore confirmé ce qu’il avait montré l’année dernière sur les classiques ardennaises. C’est un vrai beau jeune coureur à qui il ne faudra pas trop mettre la pression. Avec tout cela, AG2R-La Mondiale termine même au deuxième rang du classement par équipe, ce qui n’est pas courant pour une équipe française.
UN ÉTÉ DE SPORT
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