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TimFaitSonCinema
Alors qu’un braquage a été commis dans un tripot, Cogan, tueur à gages respecté dans le milieu, se voit confier la mission de clarifier un peu les choses et de faire le ménage, si nécessaire.
Verdict:
Assez complexe à appréhender, Cogan : killing them softly, est plus étrange qu’autre chose : un scénario pas loin d’être bidon, des scènes assez formidables mais une impression d’ensemble plus que mitigée.
Coup de coeur:

Brad Pitt

La date de sortie du film:

05.12.2012

Ce film est réalisé par

Andrew DOMINIK

Ce film est tagué dans:

Thriller

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 La Critique


Plus de cinq ans qu’Andrew Dominik n’avait rien réalisé. L’australien, qui est en train de devenir le nouveau Terrence Malick ou James Gray (avec maintenant trois films en onze ans), avait pourtant ébloui son monde avec son précédent film, L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, qui, au-delà de son titre (et de quelques séquences) à rallonge, démontrait une réelle maîtrise de la part de son réalisateur, déjà remarqué avec son tout premier film, Chopper, au début des années 2000. Je me disais que s’il avait mis cinq ans pour refaire un film, c’est qu’il avait sur le feu un projet de grande envergure, qui demandait du temps pour sa mise en œuvre. Présenté à Cannes cette année, Cogan (appelons-le comme cela, c’est plus court) a plutôt déçu les observateurs présents sur place. Je voulais tout de même y croire et attendais donc avec une certaine impatience sa sortie. Mais, je dois bien dire que, moi aussi, j’ai été en grande partie déçu par ce long-métrage, qui, bien plus que véritablement décevant, est particulièrement déroutant. Il est donc très difficile de se faire une idée définitive dessus, ce qui est toujours frustrant et même un peu énervant.

D’ailleurs, en un sens, Cogan constitue l’antithèse presque parfaite de L’assassinat de Jesse James…, film qui, dès son titre, annonçait son objet et dont toute la dramaturgie tendait vers cette séquence attendue de la mort du héros. Il avait donc pour lui un programme très clair et une ligne directrice qui portait tout le long-métrage. Là, c’est beaucoup, mais alors beaucoup plus flou. On ne voit jamais trop où on va. Des personnages apparaissent, puis disparaissent sans que l’on sache trop ce qu’ils faisaient là. La palme revient en ce sens à ce Mickey, joué par James Gandolfini, qui ne sert absolument à rien mais qui monopolise quand même quelques séquences pour raconter ses déboires sexuels et sentimentaux. On est un peu parfois dans le domaine du paranormal tant certaines scènes semblent complètement en dehors du scénario global. D’ailleurs, de ce scénario, parlons-en. Le principe en est extrêmement simple, mais, en même temps, il reste un peu nébuleux du fait du peu d’explication sur le rôle de certains personnages (cet avocat dans la voiture par exemple). Assez vite, ça se transforme en un jeu de massacre puisque tout le monde se fait liquider par Cogan ou d’autres, de manière plus ou moins « douce ». Tout cela entrecoupé par des scènes où ça parlote, on ne sait vraiment pourquoi. Et puis, toute l’historie s’inscrit complètement dans le contexte des élections américaines de 2008, puisque les discours des candidats ouvrent et concluent le film et rythment de nombreuses scènes. Là encore, on peut se demander la raison de ce lien car ça n’apporte pas énormément au film dans son ensemble. Au final, cela fait quand même beaucoup (trop) de questions sur le long métrage, ce qui explique la difficulté qui existe à véritablement le saisir.

Pourtant, Andrew Dominik n’est pas un manche, loin de là. Ca se sent vraiment qu’on est dans la catégorie haute de la mise en scène. Et c’est peut-être ce qui est le plus énervant dans ce film : on voit bien que le réalisateur a du talent, beaucoup de talent, mais il s’en sert plutôt mal en le diluant dans un scénario qui ne lui permet pas vraiment de l’exploiter. Certaines séquences sont là pour nous rappeler que le bonhomme sait filmer, et même mieux que ça (le meurtre de Markie). D’un autre côté, et c’est bien sûr le revers de la médaille, il en rajoute aussi beaucoup lors de certaines séquences (la prise de drogue, notamment). Il a aussi une vraie maitrise de la façon de faire monter la pression, notamment lors de la scène de braquage, où on sent à tout moment qu’il peut se passer quelque chose. C’est aussi le cas de sa direction d’acteurs où tout le monde est nickel, et notamment Brad Pitt, parfait dans ce rôle de tueur à gages à sang froid. Il confirme qu’il est bien aujourd’hui un des acteurs les plus pointus d’Hollywood, pouvant choisir les projets en fonction des ses envies et être toujours bon, dans à peu près tous les rôles qu’on lui offre, aussi différents soient-ils. Tout cela donne finalement à Cogan un aspect très déconcertant : agaçant par moments et formidable à d’autres. Si le réalisateur réussit, dans son prochain film, à mieux canaliser ses envies et à trouver un scénario qui sied vraiment bien à sa façon de faire, ça pourrait vraiment être exceptionnel. Là, ce n’est pas le cas et, quitte à faire, autant revoir son film précédent, beaucoup plus maitrisé, à tous les points de vue.



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