Forcément, quand Jacques Rogge, le Président du CIO, a déclaré les Jeux Olympiques officiellement terminés le dimanche 12 Août (on était même le lundi 13 à ce moment-là), j’ai eu un petit pincement au cœur. Après deux grosses semaines de frénésie sportive assez incroyable, c’en était vraiment fini, pour de bon et il faudra maintenant attendre quatre ans pour revivre un tel évènement (avec un petit décalage horaire en prime…). La cérémonie de clôture en elle-même a été plutôt réussie, bien qu’un peu fouillis par moments (mais c’est aussi le charme anglais…). C’était plus un hommage à la musique du pays qu’autre chose avec notamment (comme je le demandais dans mon [url=]premier billet[/url]) la présence de Muse et des Spice Girls pour des live de qualité bien que je les suppose enregistrés et chantés en play-back...

Aujourd’hui, alors que les Jeux sont finis depuis trois semaines, il est tout de même temps d’en faire un petit bilan, qui vaut vraiment ce qu’il vaut puisqu’il sera entièrement subjectif et reposera sur une vision assez partielle (et même parfois assez datée) de ces seize jours de compétition (même si je me suis quand même bien donné en première semaine). Cela se fera sous la forme de différentes rubriques que je vous laisse découvrir. Et n’hésitez pas à partager vos coups de cœur et coups de gueule sur cet évènement.

”THE GOOD OLD DAYS” ou “les grands moments”

SAMEDI 28 JUILLET
Premières épreuves mais aussi premières grandes surprises avec la victoire du Kazakh Vinokourov sur la course en ligne de cyclisme, la quatrième place de Michael Phelps sur 400m 4 Nages et la défaite en demi-finales de Valentina Vezzali en fleuret dames… Ca commence fort !!! Du côté français, pas grand-chose à se mettre sous la dent si ce ne sont des victoires en sport collectif féminin (ce qui n’est déjà pas si mal).

DIMANCHE 29 JUILLET
11h45 (à Londres) : première médaille pour la France et c’est Céline Goberville qui ouvre le compteur en pistolet à 10m avec l’argent. 510 minutes plus tard, la piscine devient bleue avec deux titres olympiques dont une victoire sur 4x100m Nage libre qui restera dans les mémoires. Ca y est, les Jeux Olympiques sont vraiment lancés !!

LUNDI 30 JUILLET
Yannick Agnel a décidé que 2012 était son année. Il remporte le 200m Nage Libre et devient en deux jours double champion olympique. Rien que ça… Sinon, pas grand-chose à se mettre sous la dent, à part des médailles de bronze françaises en judo. Normal, quoi…

MARDI 31 JUILLET
Ca y est, Michael Phelps devient l’humain le plus médaillé de l’histoire des Jeux Olympiques. C’est grâce au Relais 4x200m Nage Libre qu’il remporte sa dix-neuvième médaille. Un peu plus tôt dans la soirée, il s’était fait battre sur « son »épreuve, le 200m Papillon. Pour la légende du sport français, il faut plutôt voir du côté de Tony Estanguet qui est devenu le premier athlète tricolore triple champion olympique dans la même discipline. Respect !!

MERCREDI 1 AOUT
C’est la première grosse polémique de ces JO avec l’exclusion de quatre paires de badminton féminines, accusées de ne pas avoir joué le jeu en faisant exprès de perdre… Sinon, sur le tatami, Lucie Décosse régale et devient championne olympique. Les sports co féminins sont aussi en très grande forme avec des victoires à la pelle… C’en est presque trop beau…

JEUDI 2 AOUT
Michael Phelps, toujours lui, marque de son empreinte de géant les épreuves de notation en devenant, grâce à sa victoire sur le 200m 4 Nages, le premier homme triple champion olympique dans la même discipline individuelle… Et dire que l’on vit ses dernières courses… En fin de soirée a lieu un match de basket incroyable avec la victoire des USA contre le Nigéria sur un score de 156 à 73 avec des statistiques hallucinantes et notamment un 29/46 à trois points…

VENDREDI 3 AOUT
Ca devait être le jour de Teddy Riner, ça a été le jour de Teddy Riner. Sans l’ombre d’un doute mais sans être spectaculaire, le colosse français devient (enfin) champion olympique… Dans la catégorie des Lourds, il y a lui, et les autres. Sinon, les autres très grands moments sont la victoire de Federer sur Del Potro en demi-finales après un combat dantesque et la médaille d’or surprise de Florent Manaudou sur 50m Nage Libre. Un instant incroyable car tellement inattendu…

SAMEDI 4 AOUT
Nous y voilà donc : la dernière course de Michael Phelps. Et il finit sa carrière par une victoire, sa dix-huitième aux Jeux Olympiques (agrémentées de 2 médailles d’argent et 2 de bronze). Goodbye !. Et c’est aussi le vrai début des épreuves d’athlétisme avec le « quart d’heure anglais » qui voit trois médailles d’or en un peu plus d’une heure…

DIMANCHE 5 AOUT
Roger Federer se fait désosser par le local du coin (Andy Murray) en finale. Mais il semble largement se satisfaire de cette jolie médaille d’argent. Sinon, le grand moment de la journée est bien entendu la finale du 100m et Bolt nous fait le grand show avec une victoire en 9’’63, soit le nouveau Record Olympique. Du très très lourd !!!

LUNDI 6 AOUT
C’est la fin des premiers tours de sport collectif et, le moins que l’on puisse dire, c’est que, autant chez les hommes que chez les femmes, les équipes françaises se portent plutôt bien. Pour Grégory Baugé, par contre, les choses sont moins roses puisqu’il se fait battre en finale par un Jason Kenny déchaîné à domicile… En athlétisme, la soirée est marquée par la victoire d’un « ancien » (Félix Sanchez sur 400m haies) et d’un tout jeune (Kirani James sur 400m).

MARDI 7 AOUT
Journée très mitigée côté français avec seulement deux médailles (de bronze) mais surtout l’élimination de l’équipe de France féminine de handball après un match raté contre le Monténégro. Après une telle première phase, c’est dur à avaler. Par bonheur, les basketteuses, elles, se qualifient en demi-finales après être remontées d’on ne sait où en fin de match.

MERCREDI 8 AOUT
Suite à une manœuvre délibérée des basketteurs espagnols, les Français sont jetés dans leurs bras dès les quarts de finale et malgré une maîtrise pendant 36 minutes, la France finit par perdre, incapable de rentrer un shoot dans les quatre dernières minutes. Quelle frustration ! Et à l’inverse du jour précédent, ce sont les handballeurs qui nous sauvent la mise en s’imposant contre ces mêmes Espagnols après un match très tendu et marqué par le show de William Accambray…

JEUDI 9 AOUT
Yohan Blake va-t-il avoir sa revanche sur Usain Bolt dans le 200m ? 19’’32 plus tard, la réponse est nette : NON. Usain Bolt reste bien le maître du sprint court. Juste avant lui, un jeune Kenyan a éclaboussé de sa classe la piste londonienne. Nom : David Rudisha. Exploit : premier homme à passer sous les 1’41’’ sur le 800m. Une course d’anthologie, vraiment. Sinon, en fin de soirée, la France gagne une médaille de bronze grâce au taekwondo féminin et les basketteuses se qualifient pour la finale.

VENDREDI 10 AOUT
Très haut perché, Renaud Lavillenie remporte un concours de la perche fort de multiples rebondissements. C’est grâce à une barre franchie au dernier essai à 5m96 que le Français s’impose. Et ça fait vraiment du bien, surtout que, dans le même temps, les handballeurs offrent aux Croates une leçon de handball. Un match tellement maîtrisé que c’en est presque trop…

SAMEDI 11 AOUT
Le VTT français rapporte toujours une médaille d’or. Après trois victoires de rang chez les hommes, c’est la toute jeune Julie Bresset qui remporte l’épreuve féminine de main de maître. Sinon, Usain Bolt parachève son triomphe avec une troisième médaille d’or, avec le relais, cette fois-ci agrémentée d’un petit record du monde… Mo Farah, lui, remporte sa deuxième médaille d’or, sur 5000m cette fois-ci. Les basketteuses françaises font illusion pendant dix minutes avant de prendre la marée face à la puissance américaine. Mais une médaille d’argent reste vraiment un magnifique résultat.

DIMANCHE 12 AOUT
Dernier jour de compétition et de grands espoirs pour la France. Espoirs en partie déçus puisque, mis à part les handballeurs français qui conservent leur titre de très jolie façon, les favoris qu’étaient Julien Absalon en VTT et Amélie Cazé en pentathlon moderne, échouent dans les grandes largeurs dans leur conquête du graal olympique. La dernière médaille reviendra donc à une lituanienne, Laura Asadauskaité, vainqueur du pentathlon moderne…

”ONE” ou “Un…”

Un match de handball : La demi-finale France Croatie. Je n’avais jamais regardé un match aussi maitrisé par une équipe.

Un match de basketball : Le USA-Nigéria du premier tour parce que je n’avais jamais vu une telle réussite dans tout ce qu’une équipe pouvait entreprendre.

Un match de volleyball : Je n’ai vu que la finale Brésil-Russie (et encore, en partie) mais le niveau était très haut (à tous les sens du terme) et le scénario assez fou donc ce match mérite sa place dans cette rubrique

Un match de football : Je n’ai pas regardé un seul match de football pendant ces Jeux Olympiques. En même temps, ce n’est pas vraiment le moment non plus…

Un match de tennis : La demi-finale entre Roger Federer et Juan-Martin Del Potro. 4h26 d’un combat de très haut niveau, conclu à 19-17 au troisième set. L’accolade entre les deux joueurs est magnifique. Vraiment du très très grand tennis.

Un combat : La finale de Lucie Décosse face à l’Allemande Thiele. On avait l’impression que cette dernière était plus le jouet de la Française qu’autre chose. Impressionnant de maîtrise…

Un saut : Le dernier essai qui passe, à 5m96 pour Renaud Lavillenie. Il assomme le concours de la plus belle des manières et fait retomber d’un coup la pression des spectateurs.

Une surprise : Florent Manaudou remportant le 50m Nage Libre. Parce que, honnêtement, s’il faisait un podium, c’était déjà un exploit, mais, là, on est encore au niveau du dessus. Celui des monumentales surprises !!

Un record : Celui du 800m par David Rudisha. Tout simplement incroyable de maîtrise et de facilité !!

Un résultat exotique : Le concours du javelot remporté par un concurrent venu tout droit de Trinidad-et-Tobago. Je pense que pas grand-monde ne s’y attendait…

Une injustice : Alexis Vastine se fait encore voler aux Jeux Olympiques. Je n’y connais pas grand chose en boxe mais tout ce que je peux dire, c’est que, lors de son combat, il a bien plus frappé que son adversaire et qu’il a perdu. Donc, c’est qu’il y a un problème quelque part…

Une absurdité : La réaction de l’équipe de France de handball après leur victoire finale par rapport au journal L’Equipe et la radio RMC, coupables, selon elle, de les avoir égratignés pendant la compétition… Pas grand-chose à redire de plus…

Un scandale : Les concurrent britanniques qui, en cyclisme sur piste ou en aviron, se servent du règlement pour pouvoir recommencer leurs épreuves.

Un grand bonheur : La victoire du 4x100m Nage Libre masculin Parce que c’est l’aboutissement d’années de travail et que le scénario la rend encore plus belle avec ce dernier 100m d’anthologie de la part de Yannick Agnel.

Des larmes : Celles de Laure Manaudou après la victoire de son petit frère sur le 50m Nage Libre. Fierté et émotion s’y mêlent forcément. Un grand moment d’émotion

Une « Une » de L’Equipe : Honnêtement, elles n’auront pas été géniales pendant ces deux semaines, mais si on ne devait en retenir qu’une, ce serait peut-être celle du 31 juillet pour la jolie photo. Et encore…

Un jeu de mot pourri répété cent fois : Je vous laisse le choix entre De Fer et d’or ou De Londres à la lumière. Et il y’en a d’autres, mais ne faisons pas e publicité à ceux qui ont continué à les utiliser…

Un sport redécouvert grâce aux JO : Le badminton, sport prenant et spectaculaire. Et, en plus, on a eu la chance d’en voir pas mal puisque ça jouait souvent le matin, alors que d’autres sports n’étaient pas encore bien réveillés

Un sport « pas possible » : Le dressage, parce que, là, vraiment, je ne peux pas regarder. Je n’y comprends absolument rien et je ne trouve même pas cela joli à regarder. Donc, non…

Une déception : Le marathon qui n’arrive pas dans le stade olympique, ça ne me semble pas très logique, mais bon, c’est comme ça…

Un présentateur insupportable : Même si, globalement, sur France TV, ils ont une sacrée bande de bras cassés, ils ont surtout le maître des maîtres : Gérard Holtz. Démagogie, inculture du sport, volonté de toujours se mettre en avant, remarques à l’emporte-pièce, questions idiotes,… Bref, ce n’est plus du tout possible !!

Une star : Usain Bolt parce qu’un comme cela, ça n’arrive pas si souvent. Capable d’associer la performance, le show et le charisme, ce n’est pas donné à tout le monde. Et pour ce faire, il n’y a pas mieux que le Jamaïquain.

« Mon » tableau des médailles

Quatre ans après la deuxième place de Pékin, les Etats-Unis reprennent le leadership au tableau des médailles avec un très bon score. La Chine se maintient dans le duo de tête, notamment grâce à certains sports où elle est une superpuissance (tennis de table, plongeon,…). Au troisième rang, on retrouve l’éternelle Russie qui fait parler sa polyvalence légendaire en ramenant des titres et des médailles dans beaucoup de sport (sauf en natation où les quatre petites médailles font pale figure) et dont le nombre de breloques lui permet de rester sur le podium. Le Royaume-Uni garde lui aussi son quatrième rang, mais en augmentant sensiblement son nombre de titres (de 19 à 29). Les athlètes britanniques ont profité à plein de l’ « effet domicile » et de leur domination sans partage dans certaines disciplines (et notamment le cyclisme sur piste). La France, elle, obtient une très honorable sixième place, avec un nombre de médailles en forte diminution (de 41 à 31) mais avec plus de titres à la clé (11 contre 7).

De façon plus globale, on peut remarquer que le nombre de pays médaillés est particulièrement stable (de 86 en 2008 à 85 cette année) et que les grandes forces n’ont pas vraiment bougé pendant cette olympiade. Dans l’ensemble, ce tableau des médailles apparaît comme assez logique, si l’on excepte deux résultats un peu plus étonnants. Le premier concerne la réussite du Kazakhstan qui, avec treize médailles dont sept titres, obtient une étonnante quinzième place. Un rang plus haut, on trouve l’Espagne, considéré aujourd’hui comme un grand pays de sport et qui, comme pour presque tous les Jeux Olympiques, ne réussit pas une grande moisson…

”MR. BLUE SKY” ou “le suivi des Français”

« Tu peux compter sur moi »

Cette année, il y a deux sports qui ont particulièrement bien marché. L’un est un historique pourvoyeur de médailles (le judo) alors que, pour l’autre (la natation), il y a un véritable développement depuis douze ans en France, notamment grâce à une immense championne, encore présente en 2012, même si elle n’a pas eu la même réussite que huit ans plus tôt : Laure Manaudou. A eux deux, natation et judo représentent quatorze des trente quatre médailles françaises (sept chacun) et six des onze titres (quatre pour les nageurs, deux pour les judokas). Ces deux disciplines sont de vraies satisfactions et notamment la natation puisque la France termine à la troisième place mondiale (très loin, bien sûr, des Américains) et à la première européenne. C’est vraiment une performance de très haut niveau. Elle est marquée particulièrement du sceau niçois avec les trois médailles de Yannick Agnel (dont deux titres) et de Camille Muffat (dont un titre) ainsi que les deux médailles de Clément Lefert (dont un titre) et l’argent de Charlotte Bonnet. Mais la plus grosse surprise en termes de performance est sans aucun doute venue de Florent Manaudou, sacré sur la plus courte des distances, le 50m Nage Libre. Une semaine de feu pour la natation française qui est, avec ces JO, définitivement rentrée dans la cour des très grandes nations du bassin. Il faudra confirmer mais l’âge des vainqueurs ne m’inquiète pas trop par rapport à cela…

Du côté du judo, ce sont les deux immenses favoris de leur catégorie qui ont réussi à remporter l’or avec d’un côté Lucie Décosse et, de l’autre, Teddy Riner. Pour les deux, il s’agit de la consécration suprême et attendue. Sinon, les Français (et notamment les filles) se sont donnés le mot pour remporter le bronze, même si celui-ci n’a pas la même valeur pour tous et toutes. Alors que Gévrise Emane et Audrey Tcheuméo visaient clairement l’or, Automne Pavia, Ugo Legrand et Priscilla Gneto se contentent largement de cette breloque. Au total, sur quatorze médailles possibles, la France en remporte sept, ce qui est un score très honorable et finit deuxième au tableau des médailles, derrière la Russie et, donc, devant le Japon. Enfin, il faut aussi dire un petit mot du canoë-kayak en eau vive qui a quand même rapporté rien de moins que deux titres individuels. Assez incroyable de voir une telle réussite et tant mieux pour cette discipline qui n’a la chance d’être dans la lumière qu’une fois tous les quatre ans. Il ne faut pas oublier dans ce bilan , au niveau des réussites, le poids très important des médailles obtenues par des femmes. Cela représente quatre titres sur onze et quinze médailles sur trente-quatre. Par rapport aux Jeux de Pékin, il y a une vraie évolution (un seul titre et seulement t sept médailles) et il est nécessaire de la souligner. C’est en tout cas une excellente nouvelle.

« Bonjour tristesse »

A côté des sports qui ont bien fonctionné, il y a eu les ratés, plus ou moins gros, dans d’autres disciplines. L’exemple le plus criant est bien entendu l’escrime qui est revenue sans aucune médaille. Aucune alors que c’est le sport qui, historiquement, a rapporté le plus de médaille à la délégation française. Il faut dire que, depuis quelques années, l’escrime française ne va pas très fort avec des résultats de plus en plus moyens tout au long de la saison et, pour ces Jeux Olympiques, tous les quotas n’étaient pas remplis côté français avec notamment des absences assez honteuses en équipe. Mais, tout de même, ne pas rapporter la moindre breloque est un véritable scandale qui risque d’ébranler sérieusement l’institution de l’escrime en France. De toute façon, il faudra un électrochoc pour remettre les athlètes dans une bonne direction. Dans le même ordre d’idées, l’équitation est aussi passée complètement à côté de ses Jeux Olympiques. Que ce soit en équipe ou en individuel, aucun cavalier n’a réussi à sortir du lot. Je ne m’y connais pas en équitation mais j’entendais dire partout que l’on avait de bons espoirs de médailles… L’aviron et la voile française sont dans un cas assez similaire puisqu’elles ont ramené une médaille alors qu’on en attendait beaucoup mieux. Au final, ces différents ratés expliquent la baisse substantielle du nombre total de médailles entre 2008 et 2012. On a juste à espérer que ce ne soit que conjoncturel, mais, pour l’escrime, j’ai bien peur que le mal soit plus profond…

« On dirait que c’est normal »

Et puis il y a tous ces sports qui ont à peu de choses près donné les résultats que l’on attendait d’eux. Du côté de l’athlétisme, on ne pouvait guère espérer autre chose que deux médailles dont un titre. Renaud Lavillenie est même le premier champion olympique français de la discipline depuis 1996, c’est pour dire. La lutte, la gymnastique, le taekwondo, le tir, le tennis ou le cyclisme sur piste nous ont chacun apporté leur lot de médailles. Un peu comme on s’y attendait, donc, à la fois c’est bien, mais quelques surprises n’auraient pas non plus été de trop pour gonfler un peu le bilan total…

Du côté des sports collectifs, le bilan est, lui-aussi, finalement assez mitigé. Après les premiers tours réussis par les cinq équipes engagées (basket H et F, hand H et F et foot F), on pouvait rêver très fort à cinq médailles, ce qui aurait été exceptionnel. Finalement, ce sont deux médailles (dont un titre) qui sont venues garnir les vitrines françaises. Le handball féminin peut nourrir d’immenses regrets après sa contre-performance en quarts de finale. Il y avait vraiment de quoi aller chercher le plus beau des métaux. Pour l’équipe masculine de basket, ce quart de finale risque de rester longtemps dans les mémoires, surtout pour son terrible dénouement. Après avoir dominé pendant les sept huitièmes du match, les Français se sont liquéfiés dans le moment le plus important. Il y avait pourtant de quoi aller chercher une médaille d’argent. Et la médaille de la frustration reviendra peut-être aux footballeuses qui, un an après à la Coupe du Monde réitèrent la même « performance » : arriver en demi-finales et perdre les deux derniers matchs… Les handballeurs, eux, se sont imposés après un premier tour finalement assez délicat. En phase finale, ils ont fait parler leur expérience pour retourner une situation très compliquée contre l’Espagne et maitriser de façon incroyable leur demi-finale avant de contrôler les élans suédois en fin de finale. Cette équipe est vraiment immense. Totu comme l’a été aussi sur ces quinze jours les basketteuses qui finissent avec une magnifique médaille d’argent après un parcours ponctué de matchs tous plus fous les uns que les autres (contre l’Australie, la Grande Bretagne ou la République Tchèque). Leur finale n’a pas été à la hauteur et c’est un peu dommage mais cela n’enlèvera rien à leur parcours pour y arriver.

”TIME FOR HEROES” ou “les stars de ces Jeux Olympiques”

Usain BOLT (Athlétisme – Jamaïque)
Encore une fois, on peut dire que le sprinter jamaïcain est l’homme de ces Jeux. Alors qu’on le pensait un peu diminué et vulnérable face à son compatriote et compagnon d’entraînement Yoann Blake, il a démontré qu’en plus d’être un incroyable showman, il était un sportif incroyable. 9’’63 sur 100m, 19’’32 sur 200m et record du monde du 4x100m en 46’’84… Rien que ça. Comme il l’a dit lui-même, il est déjà, à 26 ans, « une légende ».

Michael PHELPS (Natation – Etats-Unis)
Le plus grand nageur de tous les temps a tiré sa révérence lors de cette compétition. Avec six nouvelles médailles, dont quatre titres, il termine sa carrière sur une nouvelle moisson dont il a eu le secret pendant trois Olympiades. Cette année, ses défaites (notamment sur 200m papillon) l’ont rendu plus humain et donc presque plus sympathique. S’il n’a jamais eu le charisme d’un Bolt, on ne peut que saluer le départ d’un tel champion, un homme qui a amené son sport dans une autre dimension.

Bradley WIGGINS (Cyclisme – Grande-Bretagne)
Il arrivait tout juste auréolé d’une victoire au Tour de France qui a eu un vrai retentissement dans tout le Royaume. Il avait pour ces JO une double mission : mener Cavendish à la victoire sur la course en ligne et remporter le contre la montre. Le deuxième objectif a été acquis sans grand souci. Quant au premier, on ne pourra pas lui reprocher grand-chose tant il a travaillé en tête de peloton (il a du faire au moins 100 km devant la meute). C’est aussi grâce à lui que les courses ont été disputées dans une telle ambiance (je n’avais jamais vu un public aussi nombreux sur une telle distance).

David RUDISHA (Athlétisme – Kenya)
C’est sûr qu’il est beaucoup moins connu que d’autres athlètes, mais, quelle classe !! Depuis trois ou quatre ans, on annonce ce jeune kenyan comme une future star et le fait qu’il ait battu en 2010 deux fois le record du monde du 800m justifiait les attentes. Sa finale olympique restera dans les mémoires de tous ceux qui ont pu y assister. Se portant en tête d’emblée, il mène le peloton sur un train complètement dément et finit sa course en explosant une barrière mythique : les 1’41’’ sur 800m. Tout simplement magique.

Mo FARAH (Athlétisme – Grande-Bretagne)
En deux soirées de folie au Stade Olympique, le britannique a remporté le 5000m puis le 10000m, accomplissant un exploit finalement assez commun dans l’histoire de l’olympisme (avant lui, Kolehmainen, Zatopek, qui avait même rajouté le marathon à sa collection, Kuts, Viren, qui, lui, l’a fait deux fois, Yifter et Bekele avaient réussi cette performance) mais tout de même assez formidable. Il a aussi brisé l’hégémonie de l’Afrique de l’Est (même si lui-même est né en Somalie) sur le demi-fond mondial. Ses deux courses sont en plus un modèle de maîtrise tactique. Bref, du grand art.

On peut aussi citer, pêle-mêle, Missy FRANKLIN (Natation – Etats-Unis), Chris HOY et Jason KENNY (Cyclisme sur piste – Grande-Bretagne), Allyson FELIX (Athlétisme – Etats-Unis), Gabrielle DOUGLAS (Gymnastique – Etats-Unis), l’équipe de France de handball masculin ou encore celle de basket masculin américaine.

Finalement, on aura vécu (encore) deux belles semaines. Après la première, particulièrement faste pour les Français, on pouvait se demander (comme à chaque fois, d’ailleurs) si les huit premiers jours, réservés aux épreuves de natation, n’étaient pas mieux que les huit suivants, qui sont traditionnellement pour l’athlétisme. Et il y a eu Bolt, puis Rudisha, puis de nouveau Bolt et tout était remis en question. Ce qui est le plus beau dans une telle compétition, c’est que l’on est toujours surpris, par un évènement, par un record ou par une belle histoire. C’est ça, le grand tourbillon des Jeux Olympiques, et c’est génial !!! A dans quatre ans et j’espère pouvoir vous faire suivre de la même façon les Jeux de Rio, qui risquent, eux, d’être folklorique. D’ici là, ne vous en faites pas, il y aura du sport. A regarder, et à commenter…