A RETENIR

Janvier est le mois des bonnes résolutions mais aussi des attentes. Et ces années bissextiles sont toujours de grandes années sportives. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’en plus de tous les évènements habituels se succèdent la compétition footballistique la plus dense (le Championnat d’Europe ou tout simplement Euro) et la compétition sportive la plus magique (les Jeux Olympiques). Bien sûr, on aurait souhaité que ces derniers se déroulent à Paris, ce qui aurait été une fête magnifique, mais, maintenant, espérons juste que Londres propose de très beaux Jeux Olympiques et, surtout, que les sportifs y réalisent de grandes performances.

Sur le mois de janvier en lui-même, il n’y a pas grand-chose à dire. Le seul évènement notable qui a eu lieu à l’échelle mondiale est le premier gros rendez-vous tennistique de l’année : l’Open d’Australie. J’ai déjà largement pu dire ce que je pensais du résultat du tableau masculin ici (en plus de la même théorie redéveloppée et plus fouillée par un collègue ici) donc je ne reviendrai pas dessus même si mon opinion n’a pas changé depuis, bien au contraire.

Il faut tout de même dire un petit mot du tournoi féminin qui a vu la victoire finale de Victoria Azarenka, joueuse assez bruyante et au jeu pas forcément très enthousiasmant. Elle a au moins le mérite de devenir numéro une mondiale en ayant gagné un tournoi du Grand Chelem, chose qui n’était plus arrivée au tennis féminin depuis 18 mois (excepté un intermède d’une semaine de Kim Clijsters). Son duel avec la plus amusante à voir jouer Petra Kvitova s’annonce porteur de belles empoignades à l’avenir. J’en profite aussi ici pour rendre un petit hommage à Maria Sharapova, autre joueuse bruyante s’il en est, que l’on a trop souvent cataloguée comme une « poupée glamour » mais qui montre surtout mois après mois un vrai mental de championne et de guerrière en s’étant relevé de nombreuses blessures et en se battant toujours, quel que soit le match. Elle mérite donc tout le respect pour cela.

LE TOP : Les Jeux Olympiques de la Jeunesse

C’est sûr qu’on en a peu parlé chez nous, mais je trouve qu’il faut saluer cette belle initiative. En 2007, les membres du CIO ont décidé de créer des Jeux Olympiques de la Jeunesse. Je trouve que c’est une excellente idée surtout dans l’esprit où ils sont faits : pas de représentations nationales, pas de budgets faramineux, aucune nouvelle construction. Ils ont vraiment pour but de promouvoir le sport chez les jeunes. Après une première édition des Jeux d’été en 2010 à Singapour – vraie réussite d’après tout le monde – c’était au tour du petit frère, les Jeux d’hiver, de se dérouler, en Autriche, et plus précisément à Innsbruck. Visiblement, tout s’est bien passé et c’est bien là l’important.

La seule occasion de médiatisation de cette compétition en France a été lors de la médaille d’or d’Estelle Alphand, fille de Luc. C’est déjà ça. Mais je trouve vraiment que c’est un évènement qu’il faut défendre, encourager et pourquoi pas, essayer d’organiser en France. Mais ça, c’est encore une autre histoire…

LE FLOP : L’Equipe de France de handball à l’Euro 2012

Je le dis d’emblée, je ne faisais pas partie de ceux qui croyaient à une nouvelle victoire de cette équipe. Après quatre compétitions majeures remportées d’affilée, cette équipe se rapprochait de façon logique et irrémédiable vers une défaite. Que celle-ci ait lieu dans un Euro, compétition d’une densité exceptionnelle, et de plus en pleine préparation pour les Jeux Olympiques n’aurait rien eu d’infamant. Par contre, si la France gagnait encore, ça aurait presque pu devenir un peu fatiguant et répétitif. Je ne les voyais pas gagner, très bien. Mais je ne les voyais pas non plus se faire sortir dans de telles largeurs.

Je n’étais pas plus inquiet que ça après la défaite inaugurale contre l’Espagne. La France a pris l’habitude de ne pas démarrer pied au plancher ses compétitions mais plutôt de monter doucement en température et l’équipe d’Espagne n’est pas non plus la première venue. La victoire contre la Russie a en partie rassuré mais les choses se sont sérieusement compliquées lors de ce non-match face aux Hongrois. Tout simplement incroyable de voir l’équipe de France et certains de ses leaders (Karabatic, Omeyer, Dinart) complètement à côté de la plaque. Et le pire, c’est qu’il était encore possible de se qualifier après la difficile victoire contre la Slovénie. Après quarante minutes contre la Croatie, on pouvait encore y croire et puis… le trou noir complet. Un quart d’heure totalement cauchemardesque où la défense et l’attaque ont pris l’eau dans les grandes largeurs en même temps. Le mal était fait…

Qu’est-ce que cela signifie en vue des Jeux Olympiques ? Je pense personnellement que c’est plutôt une bonne chose car cela obligera les joueurs à se remettre en question avant la dernière grande compétition de cette génération dorée. De plus, les autres équipes ne joueront pas forcément le match de leur vie contre la France, comme ça pouvait être le cas depuis trois ou quatre ans. Et puis, honnêtement, je préfère que les français perdent en janvier en Serbie plutôt qu’en juillet à Londres. C’est bien là-bas que se jouera leur destin et qu’il faudra être fort. Car les autres équipes, et notamment des Danois assez héroïques dans cette compétition (gagner en commençant le second tour sans aucun point au compteur…), ne vont pas venir en Angleterre pour amuser la galerie…

LE FOCUS DU MOIS : La lutte contre le dopage dans le cyclisme actuel

Si j’ai attendu une bonne semaine pour écrire cet article, c’est parce que j’attendais de prendre connaissance de la sanction du Tribunal Arbitral du Sport sur l’affaire Contador. 565 jours après son contrôle positif, cette histoire qui aura empoisonné le cyclisme pendant (beaucoup) trop longtemps. Finalement, le coureur espagnol est suspendu pour deux ans, à compter de janvier 2011. Il pourra donc recommencer à courir en août prochain (puisqu’il faut aussi ajouter la période de suspension provisoire). Il y a beaucoup de choses à dire sur cette affaire, parce qu’elle est malheureusement symptomatique de tous les problèmes que pose aujourd’hui le dopage dans le sport. Ca va partir un peu dans tous les sens, mais bon…

Sur la sanction en elle-même, elle me semble assez juste. Il n’a jamais été prouvé qu’il s’était dopé de façon intentionnelle mais par contre, tout sportif doit être maître de ce qui se trouve dans son corps. Or il y avait une substance potentiellement susceptible d’améliorer ses performances. Fin de la discussion. Le problème est que pendant un an, Alberto Contador a couru et, étant donné son niveau, a complètement influencé toutes les courses auxquelles il a participé. On peut alors refaire toutes les courses, se dire que tout devenait possible, dans un sens comme dans un autre. Et ça, c’est vraiment intolérable. Mais en même temps, peut-on empêcher quelqu’un de pratiquer son métier s’il n’est pas suspendu officiellement ?

Vient alors la question de la durée de procédure. C’est là selon moi qu’il y a un vrai problème. Ce n’est pas possible que, pendant dix-huit mois, on ne sache pas quel va être le sort du coureur. Cela est dû à plusieurs choses : déjà à la lenteur globale de ce genre de procédure puisqu'il s'agit avant tout d'une bataille d'experts sur des questions qui ne sont pas encore tranchées scientifiquement, mais aussi à l’attitude de la fédération espagnole qui a, dans un premier temps, blanchi Contador, en sachant très bien que l’Agence Mondiale Antidopage et l’Union Cyclisme Internationale allaient faire appel. Il paraît aussi que les avocats de Contador ont tout fait pour retarder au maximum toute tentative de procès. Bref, 18 mois, c’est vraiment beaucoup trop long. Mais si c’est le temps qu’il faut pour que les experts aient vraiment le temps d’examiner le dossier dans sa globalité, alors…

Je trouve que cette affaire est en plus particulièrement terrible pour Andy Schleck lui-même. Bien sûr, il a enfin gagné un Tour de France (le 2010, si vous n’aviez pas suivi) mais bon, dans quelles conditions ? Cette « victoire » va presque devenir un fardeau pour lui. Il est maintenant dans l’obligation de gagner un Tour à la pédale sous peine de rester éternellement celui « qui n’a jamais gagné, ah si, mais sur tapis vert le Tour de France ». D’ailleurs, nombre de coureurs se sont vus privés de podiums et de victoires pour cela et c’est assez terrible.

La dernière chose que je voudrais dire est mon « admiration » pour l’Union Cycliste Internationale qui se bat vraiment pour essayer d’éradiquer le dopage de son sport. S’attaquer de cette façon (c’est la fédération internationale qui a fait appel et a donc provoqué la sanction) à sa star majeure est quelque chose d’extrêmement courageux. Depuis maintenant dix ans, ce sport est sali par le dopage. Presque plus personne ne croit à un cyclisme propre. Je trouve cela personnellement dommage et triste car si, bien sûr, le dopage y est présent, ce n’est pas le seul sport, loin de là, mais c’est un des seuls qui prend vraiment le problème à bras le cœur. Il y’aurait encore beaucoup à dire là-dessus, mais il faut savoir s’arrêter…

Et, hasard du calendrier, une deuxième actualité est venue se rajouter hier (le mercredi 8) avec la mise en examen de Patrice Ciprelli, mari de Jeannie Longo, pour achat de produits dopants et la perquisition de leur chalet sur les hauteurs de Grenoble. Comme si les problèmes de dopage ne s’arrêtaient jamais vraiment… C’est malheureusement depuis trop longtemps le quotidien de ce sport, le cyclisme, qui peut être parfois si beau. C’est dommage mais c’est le prix à payer pour retrouver de la crédibilité. Et pour cela, il faut soutenir ceux qui se battent contre le dopage avec acharnement, au risque parfois de faire du mal à ce sport. C’est triste mais c’est ainsi…

PS : je viens même d’apprendre que Jan Ullrich était suspendu deux ans à partir d’août 2011. Mais, honnêtement là, ça devient tout de même un peu anecdotique étant donné qu’il a arrêté sa carrière il y a cinq ans...