La Critique
Drive est un film qui avait fait son petit effet à Cannes où un certain nombre de critiques l’avait encensé. Du côté du jury, la récompense était venue d’un Prix de la mise en scène, qui est toujours quelque chose d’un peu bâtard. On ne sait jamais bien si c’est un prix de consolation pour un film qui ne pouvait prétendre à une Palme ou à un Grand Prix ou si c’est un choix vraiment délibéré du jury pour récompenser un réalisateur de son audace. Après avoir vu le film, on peut ici clairement pencher pour la deuxième solution parce que ce film plutôt étrange est vraiment réalisé de main de maître et visuellement assez extraordinaire.
Je pense que pour cette avant-première, beaucoup de gens dans la salle ont été quelque peu dérouté par ce qu’ils avaient devant les yeux. Visiblement, ces personnes s’attendaient à un vrai film d’action (le titre, Drive, fait forcément penser au jeu vidéo Driver) et, honnêtement, on en est très loin. On a vraiment l’impression que ce n’est pas ce que cherche le réalisateur. Bien sûr, quelques scènes (notamment de poursuite) sont bien dans ce domaine mais elles sont minoritaires et toujours réduites à leur plus simple expression. Le réalisateur n’en rajoute jamais. Il en est de même pour toutes les scènes de bataille qui sont très courtes et d’une violence inouïe (tellement que c’en est quelque fois un peu drôle, il faut l’avouer). Finalement, le rayon action ne compte que pour très peu dans tout le long métrage. Les dix premières minutes du film, incroyables, donnent en fait le ton de tout ce qui va suivre : alternance entre moments rythmés et moments calmes, musique de fond géniale, volonté de placer le personnage principal au cœur du film et donc d’en faire une sorte d’analyse du personnage bien plus que de ses actions. En ce sens, pour l’ambiance, ce film m’a beaucoup fait penser au Collateral de Michael Mann.
La tension est néanmoins présente tout le long du film. C’est là l’une de ses grandes réussites. Avec cette musique de fond qu’on entend toujours sans y faire forcément attention, il y a toujours une forme de pression qui est insinuée. On a toujours l’impression qu’il peut se passer quelque chose. En ce sens, certaines scènes sont véritablement incroyables. Mais le film ne s’arrête pas là et réussit avec brio à filmer une histoire d’amour naissante entre deux personnages : celui du conducteur pour le moins énigmatique, interprété par un Ryan Gosling hallucinant, tout en silences et en mimiques discrètes et celui de cette jeune mère fragile, jouée par une Carey Mulligan qui démontre une nouvelle fois qu’elle a un talent incroyable. Avec très peu de paroles (mais toujours bien choisies), on comprend en très peu de scènes ce qui se passe et c’est une vraie force de ce long métrage. Un film coup de poing.
REVU LE 13/01/2012