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TimFaitSonCinema
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QUAI D’ORSAY

Arthur Vlamink, tout jeune diplômé de l’ENA, est embauché par le ministre des affaires étrangères. Alors qu’il découvre à peine le fonctionnement de cette vraie fourmilière, il se voit confier l’écriture des discours. Et ça ne sera pas facile tous les jours…
Verdict:
Très drôle par moments mais versant trop vite vers le burlesque et particulièrement répétitif, Quai d’Orsay charme autant au premier abord qu’il déçoit finalement… Un peu comme les hommes politiques, non ?
Coup de coeur:

Quelques répliques qui valent le coup

La date de sortie du film:

06.11.2013

Ce film est réalisé par

Bertrand TAVERNIER

Ce film est tagué dans:

Comédie

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 La Critique


Trois ans après un vrai film historique en costume et finalement pas très intéressant (La princesse de Montpensier), Bertrand Tavernier, un réalisateur qui compte quand même chez nous change tout à fait de style puisqu’il passe à une comédie avec l’adaptation d’une bande-dessinée qui a connu un certain succès et qui raconte les arcanes du ministère des affaires étrangères à l’époque de Dominique de Villepin. D’ailleurs, c’est un diplomate français qui co-scénarisait cette bande-dessinée et on pouvait donc d’une certaine manière se dire qu’il y avait pas mal de vrai dans ce qui était dit. Je ne l’ai pas lu (au fond, je n’aime pas trop la fiction qui se rapproche ainsi de la réalité) mais ça ne m’étonne pas du tout qu’elle soit adaptée au cinéma. Par contre, que ce soit Bertrand Tavernier qui s’occupe de la mise en scène, ça me surprend davantage car j’avais du mal à me l’imaginer verser dans ce genre de comédie. Mais je me trompais peut-être (finalement pas tant que ça quand on voit le résultat du film…). Entre La princesse de Montpensier et Quai d’Orsay, deux films excessivement différents, le seul lien que je vois est celui apporté par Raphaël Personnaz qui était une découverte pour moi dans le premier et que je trouve ici vraiment pas très bon (nous y reviendrons). Mais, en regardant ce film, on a plus l’impression d’observer une vaste farce plutôt que d’être devant une vision (qui se voudrait, certes, plutôt humoristique) d’un monde de la politique finalement méconnu (ce qui , d’ailleurs, n’est pas forcément plus mal). Et au fond, ça me gêne plus qu’autre chose et à cette image qui se veut presque uniquement drôle, j’avais largement préféré le film de Pierre Schoeller (L’exercice de l’Etat), finalement très proche sur le thème, mais très différent dans son traitement.

Alors que le long métrage de Pierre Schoeller se voulait être une vraie plongée dans les arcanes du pouvoir, réaliste et la plus précise possible, ce n’est visiblement pas le but de Quai d’Orsay qui, d’une certaine manière, montre de la politique sans politique. En effet, beaucoup d’aspects sont évités (le rapport aux autres ministres ou au Président notamment, la définition d’une ligne) au profit de quelque chose de plus annexe et de plus évanescent et qu’il est même difficile à réellement définir. D’ailleurs, le fait que le personnage central (un Raphaël Personnaz qui me déçoit grandement pour la deuxième fois en peu de temps) se voit confier « le langage » et qu’il ne sache vraiment que faire avec cela montre bien que le scénario a justement l’intention de ne pas montrer grand-chose de concret. Dans l’ensemble, je trouve que c’est beaucoup trop porté sur le comique et pas assez sur les autres aspects. Alors, là, quand même, il faut avouer que de nombreux passages sont particulièrement drôles. Il y a à la fois des situations amusantes, un comique de répétition et certaines répliques qui font mouche. Mais, ça manque à la fois de densité mais aussi de fond. Pour être vraiment hilarant, Quai d’Orsay aurait du se reposer davantage sur un fond concret. En fait, toute la problématique de ce film peut être résumée dans le personnage du ministre interprété de cette manière par Thierry Lhermitte. Il est clairement bien trop poussé dans tous ses extrêmes pour être vraiment crédible et cela renforce donc nécessairement le côté burlesque et farcesque de tout le long métrage. Alors, c’est sûr que ça offre quelques répliques très bien senties et des séquences tordantes (notamment autour du Stabilo) mais on a quand même beaucoup de mal à s’y identifier et cela fait nécessairement perdre de l’intérêt. Il s’inscrit donc finalement bien dans le projet du film mais ça a vraiment quelque chose de pas naturel et de tout de suite beaucoup moins passionnant.

Mais, surtout, ce long métrage a un souci dont on aurait pu se douter en voyant la durée du film par rapport à la bande-dessinée adaptée : c’est sa longueur. En effet, ça part plutôt pas trop mal et le rythme du début ainsi que l’enchaînement des bons mots est pour le moins entraînant mais, au bout d’une demi-heure (quand Arthur s’est vraiment installé, en fait), on commence à se rendre compte que l’ensemble ralentit sérieusement et, plus grave encore, commence à tourner en rond. Alors, oui, forcément, tout tourne autour d’un discours qui doit être réécrit sans cesse mais, quand même, il y a une forme de répétition que ne masque guère les quelques problèmes parallèles qui apparaissent (une crise diplomatique par-ci et un putsch par-là). Cela donne quand même un peu de place au directeur de cabinet (un Niels Arestrup qui, lui, assure plutôt le coup dans son genre) qui essaie de gérer tout ce qui se passe le plus tranquillement du monde. Honnêtement, avec une demi-heure de moins, ça serait beaucoup mieux passé. Et cela aurait évité certains éléments pas très utiles comme l’histoire d’Arthur et sa copine. Celle-ci est à moitié exploitée (ça arrive toujours comme un cheveu sur la soupe) et on a l’impression que c’est juste pour caser une petite histoire d’expulsion de sans-papiers en sous main. Si c’est pour ne pas s’intéresser à une intrigue parallèle et uniquement s’en servir pour une petite rupture de rythme, autant oublier… Et puis il y a quand même un souci (pour moi) du fait que ce soit réel sans l’être. On perçoit évidemment que c’est de Dominique de Villepin (et du problème avec l’Irak) dont il s’agit et tout peut être relu à cette aune et c’est un peu dérangeant, surtout que tout est forcé du côté comique et presque grotesque. Loin de moi l’idée de défendre l’homme mais c’est plutôt par rapport à la fonction que je trouve cela un peu limite (je suis vieux jeu là-dessus…). Conclusion : à force de tout prendre à la rigolade, on ne rigole plus vraiment…



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