La Critique
Je dois avouer que je suis allé sans grand entrain. Je n’étais pas vraiment motivé par ce film dont j’avais l’impression qu’il ressemblait à tant d’autres films français, qui, avec une idée plus qu’un scénario, arrivent à faire durer un film pendant plus d’une heure et demie on ne sait trop comment, ce qui, au final, donne souvent un film raté. Finalement, ce long métrage ressemble un peu à ce prototype sans doute un peu caricatural, mais en mieux, et on arrive donc à un film pas mal ficelé, sans être renversant non plus.
Il y a une idée forte qui est la base du film : celle du conflit entre un père et son fils. Le paternel, propriétaire du domaine, n’accepte pas que son fils puisse prendre le rôle de régisseur et donc s’occuper des vendanges et de la vinification. Il ne lui reconnaît aucun talent et est même particulièrement dur avec lui. Ce fils, justement, a du mal à se rebeller contre un père qui le brime en permanence. Le seul contrepoint est apporté par sa femme, qui, elle, ose tenir tête à ce père (scènes réussies du point de vue des dialogues, assez piquants). Toutes ces relations compliquées et conflictuelles sont plutôt bien montrées (plus par les gestes, les non-dits ou les situations que par les paroles) et sont vraiment la clé de voute du film. Mais ce qui est plutôt bien, c’est que le scénario ne s’arrête pas là et rajoute un deuxième niveau, sans doute plus intéressant car moins « convenu ».
C’est l’arrivée du fils du régisseur, sorte d’opposé exact du fils du propriétaire (plus doué, plus flambeur), qui va tout faire changer puisque le propriétaire a bien l’intention de l’installer comme un « nouveau fils ». C’est assez dur de voir la façon dont les choses évoluent, puisque, peu à peu, inexorablement, les rôles semblent s’inverser. Là, les relations se complexifient puisque quatre à cinq personnages rentrent directement en opposition directe et cela va déboucher sur une sorte de « combat » où tout est dans le non-dit, dans le silence, dans les sentiments non extériorisés. Et là, il faut dire que le réalisateur se débrouille vraiment pas mal pour bien rendre tout cela, jusqu’à la fin, assez terrible.
Tout cela donne finalement un film un peu décousu par moments, avec des épisodes qui se suivent parfois sans lien évident et on a parfois un peu l’impression de flashs successifs. La réalisation est on ne peut plus classique, ce qui, pour ce genre de films, est plutôt une bonne chose. Mais l’ensemble se tient tout de même plutôt bien. Le film bénéficie surtout de la présence de deux acteurs géniaux. Le premier est Niels Arestrup dans un rôle taillé sur mesure pour lui. Le deuxième est Patrick Chesnais, dans le rôle du régisseur malade. Tout en nuances, en silences, il arrive à donner une vraie force à un personnage qui, s’il apparaît peut-être secondaire au début du film, prend une vraie importance plus le film avance, moins dans ses apparitions à l’écran que par sa présence plus silencieuse.