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TimFaitSonCinema
Alice a pas loin de quarante ans et a tout pour devenir la nouvelle rédactrice en chef du magazine « Rebelle ». Mais elle véhicule une image de femme coincée qui ne convient pas. Lors d’une rencontre fortuite avec Balthazar, jeune étudiant en architecture, ces collègues vont croire à une improbable histoire d’amour entre eux. Leur regard va alors changer…
Verdict:
Inventif dans son idée, puisqu’il surfe sur des thèmes à la mode, mais complètement banal dans la mise en image de celle-ci, 20 ans d’écart n’est pas plus qu’une comédie romantique de plus, si ce n’est la présence de l’incroyable Pierre Niney.
Coup de coeur:

Pierre Niney

La date de sortie du film:

06.03.2013

Ce film est réalisé par

David MOREAU

Ce film est tagué dans:

Comédie romantique

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 La Critique


Après deux films d’horreur réalisé avec son comparse Xavier Palud, David Moreau décide de s’émanciper en même temps qu’il change totalement de style. Puisque de The Eye, film d’épouvante franco-américain, remake d’un film hongkongais, le réalisateur passe à une comédie romantique bien française. Si je dis « bien française », c’est parce que ce genre de films n’est quand même pas loin d’être une spécialité bien de chez nous. Dernièrement, certains bons films avaient donné quelques lettres de noblesse à un genre trop souvent ramené à des films moyens, voire très moyens. On peut penser à L’arnacœur ou encore à Un plan parfait, deux comédies bien ficelées, qui mettaient en scène des histoires d’amour assez originales, grâce à des scénarios plutôt inventifs et punchy. Là, encore, avec 20 ans d’écart, il y a une idée de départ plutôt pas mal, qui se base sur un phénomène dont on parle de plus en plus et qui commencerait presque à devenir un mythe : celui de la cougar. Ce nouveau terme, apparu depuis quatre ou cinq ans, avait déjà droit à une série (Cougar town – jamais vu). On a tellement entendu parler de ce mot dans les médias – certains voyant ce phénomène comme un fait de société majeur – que cela devenait presque louche que le cinéma français ne se soit encore emparé de la question. Et bien voilà, c’est chose faite… Et vu qu’on ne fait pas les choses à moitié, c’est donc à vingt ans d’écart que nous aurons droit, ni plus, ni moins. Et tout cela donne une comédie honnête, mais beaucoup trop calibrée pour être vraiment réjouissante. Un long métrage moyen, quoi, ni plus, ni moins…

En prenant à son compte de nouveaux codes – cougar, donc, mais aussi MILF (je ne vous ferai pas la traduction, vous pourrez aller chercher pour ceux qui ne connaissent pas) – le scénario permet au film de partir sur une idée qui est en un certain sens assez originale car nouvelle. Mais ce qui est assez fascinant avec 20 ans d’écart, c’est que ce long métrage montre comment, à partir d’une idée pas idiote (mais pas révolutionnaire non plus), on peut tout de même rester dans des schémas extrêmement classiques. Car ce qui caractérise le plus ce film, c’est bien le fait qu’il n’apporte absolument rien de nouveau à un genre qui demande pourtant à se renouveler. Alors, oui, il y a quelques moments drôles, de vrais passages de pure comédie (comme ce repas où Alice est complètement défoncée), le rythme est plutôt soutenu, certaines répliques font mouche… Par contre, je trouve personnellement un peu limite de faire le coup des turbulences sur un Rio-Paris après ce qu’il s’est passé il y a plus de trois ans…De ce fait, on ne s’ennuie guère. Mais, en même temps, on a tellement l’impression d’avoir vu ce qui se passe sous nos yeux un nombre incalculable de fois que cela en perd nécessairement de son intérêt. Au niveau du schéma narratif, c’est le degré zéro de l’inventivité entre le gars qui se fait avoir, celle qui se fait prendre à son propre jeu, la « révélation » avec une danse, la rupture, les retrouvailles avec grand discours sur le fait que l’on s’est trompé... Bon, je vous ai peut-être raconté le film, mais, le problème, c’est qu’au bout de dix minutes, on peut se le raconter de la même manière dans la salle…

Tous les clichés de la comédie romantique y passent donc, sans ménagement aucun. Et c’est dommage parce que pour certains passages, on entrevoit la possibilité de quelque chose qui sorte un peu des sentiers battus et qui défriche quelque peu des territoires inexplorés de la comédie. Mais non, beaucoup trop vite, l’ensemble est ramené dans le « droit chemin » jusqu’à dix dernières minutes absolument terribles, où presque tout ce que l’on voudrait ne pas voir s’étale devant nos yeux. Et tout ce schéma, si peu inventif, oblige le scénario à multiplier les clichés, à la fois avec les personnages secondaires (le père de Balthazar ou la sœur d’Alice) mais aussi sur l’environnement globale du film. C’est notamment le cas du monde de la mode. Je n’ai jamais mis les pieds dans une rédaction de magazine féminin mais, là, ça semble vraiment too much pour être vrai. Cela permet quelques bonnes situations mais tellement forcées qu’elles font plus sourire que véritablement rire. Même dans la réalisation, David Moreau ne s’interdit rien comme cette séquence assez terrible où Alice va retrouver Balthazar à la Fac. Tout y passe : la musique, le travelling qui remonte le corps d’Alice, les ralentis sur les fesses, les têtes d’ahuris des étudiants croisés,… C’est là encore tellement prononcé que ça en perd de son intérêt.

Par contre, ça commence à faire beaucoup les comédies françaises « sauvées » par Pierre Niney. Après Comme des frères qu’il sortait d’une jolie ornière avec son jeu assez génial et tout en finesse, c’est maintenant à 20 ans d’écart qu’il permet de ne pas sombrer beaucoup trop vite. Cet acteur est vraiment formidable dans sa capacité à être à la fois désarmant de drôlerie mais aussi d’une certaine mélancolie. Avec lui, tout ce qu’il fait devient coquasse. Sa première apparition vaut à elle-seule bien d’autres performances. Il est dans un avion, à chercher sa place, prise par un petit brésilien qui joue au foot. Il lui fait une petite tête marrante tout en lui lâchant un magique « futchebol ». Ca ne sert à rien, c’est simple comme bonjour, mais qu’est-ce que c’est drôle quand c’est joué avec autant de simplicité. Il faut dire que pour interpréter le jeunot qui découvre un peu la vie, il a vraiment la tête de l’emploi même si, dans les faits, il a vingt-quatre ans. Mais quel talent !! On l’attend maintenant dans d’autres registres et on ne devrait pas être déçu puisqu’il est le célèbre couturier du Yves Saint-Laurent de Jalil Lespert. C’est une vraie occasion pour lui de démontrer une nouvelle fois son talent que l’on perçoit déjà comme probablement protéiforme. Ici, dans 20 ans d’écart, il crève vraiment une nouvelle fois l’écran et permet au film de garder un certain intérêt jusqu’au bout. Le couple avec Efira fonctionne pas mal même s’il manque un peu de crédibilité au niveau des âges (Niney a quatre ans de plus que son personnage et Efira quatre ans de moins). Sans Pierre Niney, honnêtement, le tout est tellement cousu de fil blanc que je pense que la fin aurait été encore plus compliquée et le film tout entier bien trop fade.



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