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TimFaitSonCinema
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BLACK SWAN

Nina est ballerine dans la troupe de l'opéra de New York. Lorsqu'elle est choisie pour devenir la nouvelle danseuse phare pour une nouvelle interprétation du Lac des Cygnes, c'est un rêve qui se réalise. Mais la pression et l'arrivée d'une possible concurrente vont peu à peu lui faire découvrir sa face sombre et perdre ses moyens.
Verdict:
Virtuose à certains moments et désolant à d'autres, à la fois emballant et terriblement énervant : un film qui cultive un goût du paradoxe. Cela reste tout de même assez marquant, notamment pour la performance époustouflante de Natalie Portman.
Coup de coeur:

Natalie Portman

La date de sortie du film:

09.02.2011

Ce film est réalisé par

Darren ARONOFSKY

Ce film est tagué dans:

Thriller psychologique

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 La Critique


Avec Darren Aronofsky, c'est un peu toujours tout ou rien... Alors que The Fountain était vraiment un des films les plus grotesques de ces dernières années, The Wrestler était d'une sobriété telle que c'en était presque étonnant. Mais c'était une vraie réussite. Là, pour ce Black Swan, le réalisateur arrive à nous faire le coup du deux en un : ou comment partir d'un sujet plutôt intéressant et réussir, dans le même film, à faire cohabiter des moments extrêmement réussis et d'autres à la limite du pathétique. Tour de force assez « extraordinaire » qui me laisse quelque peu perplexe...

L'histoire de cette ballerine qui, peu à peu, se décompose et sombre dans une folie de plus en plus prononcée est clairement un bon sujet de départ. C'est la relation de celle-ci aux autres et ce qu'elle en ressent qui va peu à peu la pousser dans ses derniers retranchements. Selon moi, le rapport avec sa mère n'est pas assez traité alors qu'il est vraiment intéressant (pourquoi la mère couve autant sa fille ? pourquoi celle-ci ne s'est pas « échappée » de cette emprise ?). C'est bien sûr une des composantes de son changement mais il n'est pas creusé suffisamment. Ce sont surtout deux relations particulières qui vont, peu à peu, la faire sombrer. Passons sur celle avec le directeur de la troupe, intéressante mais plus banale, pour nous attarder plus longtemps sur celle avec celle qu'elle voit comme sa nouvelle concurrente. Tout le début de cette relation se fait par des non-dits, des regards et aucune discussion. Mais on sent très vite qu'il se passe quelque chose. Cette nouvelle ballerine apparaît de fait comme une sorte de « double maléfique » de Nina, celle qu'elle n'est pas, du fait de sa trop grande recherche de la perfection. Cette différence est notamment marquée au niveau du rapport de chaque personnage au sexe et va culminer dans une scène torride (dont on découvre un très court extrait dans la bande annonce). D'ailleurs, dans les deux relations, le caractère sensuel et sexuel est clairement exprimé, apparaît de façon central et c'est cet aspect qui provoque en partie la déchéance du personnage principal. Le film apparaît ainsi principalement comme une sorte de thriller psychologique et le réalisateur s'y emploie bien pour faire monter une tension tout le long du film mais aussi dans les scènes elles-mêmes. Ce n'est pas toujours des plus naturels mais ce n'est pas dénué d'intérêt.

Plus le film avance, plus il devient « intéressant » dans l'analyse d'une folie d'avantage présente chez le personnage : comment tous les évènements qu'elle voit ou qu'elle croit percevoir remettent en cause toute sa pensée et sa façon de vivre et comment elle sombre peu à peu, ne pouvant plus vraiment se contrôler. Dans toute la première moitié du film, on reste dans une réalisation très posée (d'ailleurs, beaucoup de plans de dos m'ont fait penser au Wrestler dans cette volonté de coller au plus près du personnage, dans un style presque documentaire). Il n'y a que quelques passages, un peu plus discutables mais stylistiquement intéressants, qui montrent les premiers signes d'une fragilité psychologique. Mais, et c'est là le principal problème de ce long métrage, le réalisateur ne peut pas s'empêcher d'en faire toujours plus en allant vers un symbolisme de plus en plus lourd. Cela donne un nombre toujours plus important de séquences très peu digestes (musique trop présente, image de plus en plus moche). Bien sûr, on me répondra que la réalisation accompagne complètement la descente aux enfers du personnage mais c'est trop, beaucoup trop. Ça en devient trop grotesque et risible à certains moments et c'est dommage.

Pourtant, Aronofsky est capable de nous offrir de grandes scènes. C'est le cas notamment de toute la scène d'ouverture : une danse parfaitement filmée où le rythme de la musique, des pas, et des caméras est parfaitement lié. Et que dire de la séquence en boîte de nuit qui est visuellement absolument ébouriffante. Mais, le problème est qu'il est capable de nous gâcher cela cinq minutes plus tard en nous servant une séquence horrible. Que c'est énervant ! La musique a d'ailleurs un rôle non négligeable dans ce côté paradoxal du film. A la base, elle est plutôt bien vue, dans une sorte de continuité ou de ré-interprétation de l'œuvre de Tchaïkovski, mais lorsque tout s'emballe, elle devient trop forte, prend trop de place et recouvre tout sous son omniprésence. Toujours ce problème de dosage qui rend ce film si inégal.

Par contre, il y en a une qui n'est pas inégale et qui ne dose rien du tout, c'est Natalie Portman. On peut même le dire, l'Oscar de la meilleure actrice ne devrait pas lui échapper. Elle signe une performance ahurissante, en rendant parfaitement la fragilité de son personnage mais aussi la chute qu'elle n'arrive pas à endiguer. On peut se demander si elle a beaucoup été doublée pour les scènes de danse car, dans de nombreux cas, un doublage semble techniquement très compliqué. Je pense qu'elle danse elle-même dans une grande majorité des scènes et c'est déjà une performance en soi. Elle est bien sûr l'élément clé du film et une de ses grandes forces mais elle ne l'écrase pas, notamment du fait du jeu de Mila Kunis, qui, dans le rôle du « double maléfique » rend une copie très intéressante, dans un rôle pas forcément si évident car assez trouble.



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