Toggle navigation
TimFaitSonCinema
Marc est professeur de littérature à l’Université et il a beaucoup de succès auprès de ses étudiantes. Un jour, l’une d’elles disparaît et il rencontre alors la belle-mère de celle-ci. Une étrange relation va se nouer entre les deux…
Verdict:
Un film où l’histoire est clairement abandonnée pour plonger le spectateur dans une ambiance enneigée et malsaine. Le problème, c’est que ça ne fonctionne pas vraiment, car on ne voit jamais bien où l’on va. Heureusement que Mathieu Amalric est très bon car sinon…
Coup de coeur:

Mathieu Amalric

La date de sortie du film:

15.01.2014

Ce film est réalisé par

Arnaud LARRIEU Jean-Marie LARRIEU

Ce film est tagué dans:

Thriller psychologique

Chargement...


 La Critique


Chaque pays de cinéma a sa fratrie, c’est un fait. Et c’est presque devenu une marque déposée… Pour la Belgique, ce sont évidemment, les frères Dardenne, spécialistes du drame social pas très drôle mais souvent très fort. Pour les Etats-Unis, on ne peut pas échapper aux frères Coen, qui, eux, pour le coup, sont spécialistes d’à peu près tout, tant leur style varie entre leurs différent longs métrages. Et en France, alors ? On pourrait penser aux frères Foenkinos mais ils n’ont fait qu’un film – La Délicatesse – et pas génial en prime. Non, chez nous, ce sont les frères Larrieu qui, depuis maintenant dix ans, se sont installés dans le paysage cinématographique français comme représentants de ce genre un peu particulier. En dix ans et quatre longs métrages (je n’en n’ai vu aucun, je m’en excuse), ils se sont faits une bonne petite réputation dans le milieu même si leur précédent (Les derniers jours du Monde) avait été un échec retentissant au box-office. Leur nouveau film était donc une bonne occasion de se faire une idée même si, avec un seul long-métrage, c’est un peu compliqué d’avoir un vrai avis sur des metteurs en scène. Tout ce que je peux dire, c’est que L’amour est un crime parfait ne m’a pas follement donné envie de découvrir leurs œuvres précédentes, c’est le moins que l’on puisse dire. Ce n’est pas un mauvais film car il y a vraiment quelque chose dans l’ambiance recherchée, mais aussi dans la performance de Mathieu Amalric, qui est l’un de leurs acteurs fétiches (en même temps, il l’est pour un grand nombre de réalisateurs…). Néanmoins, je n’ai pas vraiment réussi à rentrer dans ce long-métrage, qui m’a laissé bien plus froid qu’autre chose. Est-ce dû aux paysages enneigés et à l’ambiance glaciale ? Peut-être mais je crois surtout que les deux frères se sont un peu perdus, ne sachant plus bien ce qu’ils voulaient vraiment faire de leur film.

Pendant presque deux heures, en fait, on ne sait pas bien où l’on va, en tant que spectateur. On suit ce personnage principal, qui n’est guère sympathique mais interprété à la perfection par un Mathieu Amalric qui raffole de ce genre de rôles un peu troubles. On le voit dans ses cours, dans son chalet qu’il partage avec une sœur avec qui les relations sont assez étranges, mais aussi dans ses conquêtes amoureuses. D’ailleurs, sa vie sentimentale se complexifie quand la belle-mère de la jeune étudiante disparue arrive pour demander des renseignements et tombe sous le charme de ce séducteur invétéré. Alors, oui, il y a plus ou moins une histoire policière toujours en toile de fond et, toutes les trente minutes, la rencontre avec un enquêteur rappelle de manière un peu automatique cet état de fait. Mais ce n’est pas du tout ce qui intéresse les frères Larrieu qui, eux, vont plutôt chercher à montrer ce qui se passe à côté de ces recherches pour meurtre. Sur le principe, ce n’est pas forcément une mauvaise idée et on a vu plus d’un film se servir d’une enquête policière comme toile de fond pour montrer autre chose. Mais là, le souci, c’est que ce n’est pas fait très finement et que ça tourne plus à la posture qu’autre chose. En ce sens, la fin est symptomatique puisqu’elle est balancée en deux minutes, de manière un peu ridicule, comme si, n’ayant plus aucune idée, les scénaristes avaient décidé d’en terminer au plus vite. Pendant tout le film, on oublie presque que, derrière tout cela, il y a une étudiante morte et que, dans les faits, le principal suspect ne peut être que Marc. Pour autant, la police ne l’embête jamais vraiment, comme si elle ne faisait absolument rien pour trouver le corps et le coupable du meurtre. Tout cela est même assez abracadabrantesque.

Alors qu’est-ce qui intéresse vraiment les réalisateurs ? C’est d’abord ce personnage de professeur charismatique et charmeur qui est au cœur du film. C’est à travers ses yeux qui l’on suit tout cette affaire. Sa relation avec sa sœur (Karin Viard, toujours très bonne) est aussi centrale, puisque, très ambiguë, elle renforce le côté étrange de cette homme extrêmement difficile à cerner. En plus, la sœur flirte gentiment avec l’ennemi professionnel de Marc. Je vous laisse imaginer le topo… Pendant le temps du film, c’est la relation avec une élève en particulier qui va être montrée et, là encore, elle est assez étrange et même si elle aura un impact sur la fin du film, elle paraît complètement « hors du film ». Il faut dire que Sara Forestier, qui incarne cette étudiante, est vraiment insupportable dans ce rôle et n’aide en rien à faire de cette histoire dans l’histoire un élément intéressant. Mais, avant tout, c’est bien une ambiance qu’ils cherchent à retranscrire, avec d’abord cette université (le Rolex Learning Center de Lausanne), bâtiment assez fascinant où se nouent les intrigues principales, mais aussi et surtout, cette neige omniprésente et très importante car elle permet de cacher des choses (puis de les dévoiler au changement de saison…). Le lieu symbolique est le chalet familial, perdu dans cette neige, et où les relations se font vraiment jour et où la plupart des masques tombe. Mais, à force d’insister sur cette ambiance un peu trouble, renforcée par une musique pas formidable et trop présente, les metteurs en scène finissent par perdre un spectateur qui ne sait plus bien ce qu’il regarde : une étude de mœurs, un thriller, un film d’ambiance,… Tout cela se mélange finalement assez mal et ne permet pas à L’amour est un crime parfait de séduire autant qu’il le devrait.



 Rédiger Un Commentaire