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TimFaitSonCinema
Joe est retrouvée dans la rue, blessée, par Seligman, qui l’accueille chez lui. Elle lui raconte alors tout son parcours, notamment sexuel, elle qui s’est auto-diagnostiquée nymphomane.
Verdict:
Nymphomaniac est par moments assez incroyable mais j’ai de la peine à vraiment m’enthousiasmer pour ce long métrage du fait de son côté trop inégal et du peu d’émotions qu’il m’a fait ressentir. Il se pourrait bien que le second volet soit plus intense. Ou pas…
Coup de coeur:

Le cinquième chapitre, assez dingue dans sa construction

La date de sortie du film:

01.01.2014

Ce film est réalisé par

Lars VON TRIER

Ce film est tagué dans:

Drame

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 La Critique


Alors le voilà enfin, le film qui fait tant parler depuis plus de deux ans et demi maintenant ! En effet, en 2011, lorsqu’il avait été banni du Festival de Cannes pour des propos douteux, Lars von Trier avait annoncé qu’il reviendrait avec un film pornographique de trois ou quatre heures. Rien que ça. Il était même allé plus loin en disant que c’était Charlotte Gainsbourg et Kirsten Dunst elles-mêmes qui en avaient fait la demande. Voir l’un des réalisateurs les plus controversés mais aussi l’un des plus doués aujourd’hui faire une telle annonce avait de quoi intriguer. De fait, ce projet est depuis devenu une sorte de feuilleton, entre les annonces d’acteurs entrant ou sortant du projet (comme Nicole Kidman qui s’en est finalement retiré), les fantasmes autour de cette réalisation nés chez certains, les affiches polémiques mais surtout, toute la question autour du montage et de la distribution du long métrage. Là, ça devient bien plus intéressant du point de vue purement cinématographique et pas seulement pour amuser les gazettes. En effet, la version montée par Lars von Trier lui-même durait 5h30, ce qui n’était pas acceptable pour les producteurs (bien que, pour les spectateurs, ça aurait pu être assez drôle…). Refusant de « dénaturer son travail », le réalisateur a laissé le montage final à son producteur, ce qu’il n’avait jamais fait avant et qui n’est pas une méthode si fréquente en Europe (ça l’est bien plus à Hollywood). Deux parties de deux heures ont donc été mises en boite pour le cinéma et la version longue sera semble-t-il réservée au coffret DVD. D’ailleurs, un avertissement assez lunaire vient nous rappeler d’entrée de jeu tous ces conflits : « Le film est une version abrégée, et censurée, de la version originale de Nymphomaniac de Lars von Trier. Il a été réalisé avec sa permission, mais sans autre implication de sa part ». Le ton est donné de façon assez étrange et c’est finalement aussi la sensation que l’on a après le visionnage du film.

Car, après tout ce qu’on avait pu entendre et lire sur ce long métrage, le résultat est très loin de ce qu’on aurait pu imaginer. Cela vient-il du fait que le final cut n’ait pas été laissé au réalisateur ? Toute la promotion n’était-elle en fait qu’une vaste supercherie destinée à faire le buzz ? Le volume 2 serait-il, lui, plus polémique ? A toutes ces questions, il est difficile de répondre. Attention, même si c’est loin d’être un film pornographique, il n’en reste pas moins que certaines séquence sont assez crues, et méritent largement cette interdiction aux moins de douze ans décidée. Mais c’est surtout un long métrage marquant, plutôt intéressant dans sa forme et par moments vraiment épatant, bien qu’inégal et parfois énervant. L’ouverture, par exemple, est assez incroyable. Pendant presque une minute, on se retrouve dans le noir complet, avec seulement quelques bruits. C’est presque comme si c’était une suite de la fin de Melancholia, qui se refermait justement sur la destruction du monde avec une image qui devenait noire. Les thèmes sont tout à fait différents et les deux films n’ont pas grand-chose en commun mais je n’ai pas pu m’empêcher d’y voir une continuation. En fait, là, on rentre dans le monde de Joe, que l’on découvre à terre, blessée, et que l’on va apprendre par la suite à connaître. Une grosse musique de Rammstein fait alors son apparition pour nous mettre dans une ambiance assez étrange. Commence alors ce qui va être le fil conducteur de tout le film : un dialogue entre Joe et celui qui l’a recueilli, un vieil homme solitaire. C’est au cœur de leur discussion, souvent poétique et parfois plus philosophique, que l’histoire de Joe va s’inscrire. Elle est divisée en cinq chapitres (il y en aura huit au total) qui sont autant de périodes de sa vie, et, ici particulièrement, de sa jeunesse. C’est, en quelque sorte, un film d’apprentissage qui prend l’axe du sexe (toujours important chez Lars von Trier, il suffit de voir Breaking the waves) mais qui, de cette manière, parle aussi de bien d’autres choses.

Par sa nature même (la division en chapitre), ce film est assez inégal. En effet, stylistiquement, tous sont assez différents (un est par exemple en noir et blanc) mais c’est aussi dans le fond et dans le ton général qu’ils ne sont pas semblables. Le troisième par exemple (qui voit une femme trompée débarquer avec ses enfants chez la jeune Joe) ressemble à une pièce de boulevard et c’est particulièrement drôle et même assez incongru. D’autres sont beaucoup plus rudes, comme le quatrième (pas mon préféré). Chacun raconte en tout cas une période bien spécifique (l’apprentissage, la débauche, la découverte de l’ « amour » ou les complications liées à ces multiples partenaires). L’ensemble est donc assez hétéroclite même si on retrouve tout le long une même thématique et une certaine constance dans la mise en scène (beaucoup d’illustrations de ce qui est dit avec des images, des surimpressions,…). Mais, surtout, Lars von Trier prouve qu’il est capable de faire des scènes ou des séquences de très haut vol, comme ce chapitre 5 (Petite leçon d’orgue) qui est magnifique (en plus de la musique de Bach en fond). C’est la jeune Stacey Martin qui incarne cette Joe lors de sa jeunesse et elle s’en tire plutôt pas mal même si elle manque un peu de présence par moments. Face à elle, des acteurs confirmés qui assurent correctement leur partition. Le film se termine par un assez étrange « I can’t feel anything » lâché par Joe elle-même. C’est aussi un peu la sensation que j’ai pu avoir devant ce film qui, bien que assez formidable par moments, n’a jamais réussi à vraiment m’emporter. J’en suis même ressorti assez circonspect… Le deuxième volume pourrait bien être plus fort et ce premier n’aurait été qu’une sorte d’introduction. En tout cas, c’est certain que j’irai le voir, sans doute avec encore plus d’attentes et donc, un plus grand risque d’être déçu car avec un bonhomme comme Lars von Trier, on ne sait jamais vraiment à quoi s’attendre…



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