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TimFaitSonCinema
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THE HOMESMAN

Au cœur des années 1850, Mary Bee Cuddy vit seule dans une terre reculée du Nebraska. Elle va se voir confier la mission d’emmener dans l’état voisin trois femmes qui ont perdu la tête. Sur son chemin, elle va alors sauver un homme de la pendaison, en échange de son aide pour effectuer ce trajet où tous les dangers sont possibles.
Verdict:

Formellement assez magnifique et interprété avec grand talent, ce nouveau film de Tommy Lee Jones manque quand même d’un peu de chair et s’écarte parfois trop de son sujet de départ pour être le grand long-métrage qu’il aurait pu être. Ça reste quand même du bon cinéma.

Coup de coeur:

Quelques séquences splendides

La date de sortie du film:

18.05.2014

Ce film est réalisé par

Tommy LEE JONES

Ce film est tagué dans:

Western

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 La Critique


Dans l’imaginaire collectif (mais c’est aussi une réalité dans l’histoire du cinéma), le western, c’est une affaire d’hommes. On voit très peu les femmes, qui sont presque toujours à l’arrière-plan, si ce n’est totalement invisibles. Les héros sont bien les cow-boys, ceux qui se battent et tiennent en leur main le sort du territoire. Pourtant, depuis quelques années, il semble y avoir un vent de renouveau sur un genre qui ne s’est jamais véritablement éteint, tant il fait partie de la mythologie hollywoodienne. En effet, pas mal de westerns qui sont sortis dernièrement font la part belle aux femmes, chacun de manière différente. Il y a bien sûr eu True Grit, où le personnage central était une jeune femme (Hailee Steinfeld qui fait une toute petite apparition ici) lancée dans une quête de vengeance. Puis, Shérif Jackson, sur un mode un peu plus décalé, mettait aussi au centre de son histoire une femme, qui, elle aussi, était animée d’un instinct vengeur. Mais Tommy Lee Jones, lui, va encore plus loin car, en plus de faire de Mary Bee Cuddy le personnage central de son histoire, The Homesman raconte aussi à sa manière la place des femmes dans ce grand ouest américain et nous donne donc à voir une histoire bien trop souvent oubliée alors qu’elle est particulièrement forte. Pour celui qui est aujourd’hui l’un des plus grands acteurs d’Hollywood, c’est seulement la deuxième réalisation, après Trois enterrements, qui date maintenant de neuf ans et qui avait remporté à Cannes deux prix (interprétation masculine et scénario). J’avais plutôt apprécié ce film qui était, à sa manière, un western des temps modernes. Il n’est donc pas étonnant de le voir s’atteler à ce genre-là, en adaptant un livre de Glendon Swarthout, qui aurait aussi bien pu être signé de la plume de Cormac McCarthy tant c’est le style d’ambiance et d’histoire que ce dernier affectionne particulièrement. The Homesman pourrait-il prétend à de nouvelles récompenses dans moins d’une semaine ? J’aurais bien du mal à me prononcer mais ce film m’a laissé un bien drôle de sentiment.


En effet, quand on en ressort, on se dit que ce long métrage a tout pour être un grand film : des acteurs en très grande forme, une photographie magnifique, un sujet fort, quelques scènes assez mémorables, un coup de théâtre assez inattendu aux deux tiers,… Bref, sur le papier, il ne manque vraiment rien. Mais, en même temps, The Homesman ne m’a jamais transporté comme j’aurais pu le souhaiter et reste finalement assez « plat ». C’est en ce sens qu’il est à la fois déconcertant et, donc, presque un peu décevant… Enfin, quand même, il ne faut pas trop non plus faire la fine bouche car ça reste un long-métrage qui a de multiples qualités et des défauts qui sont finalement assez difficiles à réellement définir mais qui, mis bout à bout, m’ont empêché de vraiment adorer ce film, alors que j’aurais vraiment aimé le faire… Le principal tient peut être dans le fait que le scénario est finalement un peu bancal. En effet, il n’hésite pas à affronter frontalement la question de la place des femmes dans cette société de l’ouest américain alors en pleine installation et la folie qui peut toucher ces dernières. C’est même fait de manière parfois très brutale, et assez choquante. Mais l’histoire finit par abandonner peu à peu cet aspect, en se recentrant de plus en plus sur le couple assez improbable chargé d’effectuer ce convoyage. Les trois femmes sont alors délaissées et ne sont plus que des éléments secondaires de l’intrigue. C’est dommage car il y avait sans doute là vraiment quelque chose à creuser davantage, notamment parce que ce sont autant de questions qui se posent aussi sur l’histoire même des Etats-Unis et sur ce qui est une peu un mythe fondateur là-bas : à quel prix s’est vraiment faite la conquête de l’ouest américain ? Et, c’est peut-être aussi en partie parce que tout cela n’est pas assez développé que le film ne se tient pas assez sur la longueur et manque parfois un peu de la force que certaines séquences nous réservent.

 

Ce qui est assez amusant, c’est que, ici, le voyage se fait en sens inverse de ce qui d’habitude présenté. On va de l’ouest sauvage et désertique vers l’est civilisé et verdoyant. D’ailleurs, les décors ainsi que les attitudes des habitants à la fin du film montrent bien une énorme différence. C’est aussi lors de cette longue escapade que les deux personnages principaux vont vraiment se découvrir et l’enjeu va alors se trouver dans la manière dont ce couple plus qu’étrange va pouvoir cohabiter. Ils vont en plus connaître de multiples difficultés, qui sont autant de passages obligés du western (rencontre avec des indiens ou avec un truand,…). Et là où Tommy Lee Jones est parfait, c’est dans la manière qu’il a de capter ce voyage à travers des paysages arides où absolument rien ne pousse. Le réalisateur insiste ainsi beaucoup sur des plans larges souvent magnifiques, mis parfaitement en valeur par une photographie parfaite de Rodrigo Prieto. Rien que le générique de début est grandiose en ce sens. C’est là l’une des grandes réussites du film et s’il y a bien une récompense à gagner cette année à Cannes, ça sera celle de la mise en scène car, même si elle est extrêmement classique (avec une musique parfaitement dans le ton), il n’en reste pas moins qu’elle est absolument superbe. Les deux acteurs principaux, eux, sont au top. C’est ainsi un plaisir de revoir Hilary Swank dans un rôle vraiment convaincant après des années où elle avait un peu disparu de la circulation. Elle est ici parfaite pour montrer tous les paradoxes de son personnage : femme très forte mais qui, en même temps, souffre grandement de sa solitude. Tommy Lee Jones, lui, s’est taillé un rôle sur mesure puisqu’il campe un personnage bourru et un peu droopy sur les bords, même si la bouffonnerie n’est jamais loin… Pour lui, il n’y a donc absolument aucun souci à se faire tant il a l’habitude de ce genre de protagonistes… Et il confirme par la même occasion qu’il est bien un réalisateur de talent, qui devrait sans doute faire plus qu’un film tous les dix ans…




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