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2013 : UN ÉTÉ DE SPORT (5)

 L'Article


CHAMPIONNATS DU MONDE D’ATHLÉTISME (10 / 18 AOUT) :

Athlétisme

Une ambiance froide à souhait, un Kenyan qui fait presque la médaille au lancer du javelot, Patrick Montel qui s’emballe pour une série matinale du 800m dames… Bref, ce sont les Championnats du Monde d’athlétisme. Et, cette année, c’était bien mieux sur le pré que dans les tribunes (ce qui est d’ailleurs mieux que l’inverse).

Guerre froide, le retour

Lorsque la Russie organise à domicile une compétition de cette envergure, elle ne fait forcément pas les choses à moitié et la Fédération avait fixé un cap très clair, qui fleurait bon la deuxième moitié du Vingtième Siècle : être coûte que coûte devant les Etats-Unis au classement des médailles, ce qui, de fait, signifiait aussi d’être la première nation mondiale à l’issue de ces Championnats. Au prix d’une remontée assez incroyable sur les derniers jours, les Russes ont réussi leur pari en remportant sept médailles d’or contre six aux Américains (vérifier). Cela n’a tout de même pas permis à ces Mondiaux de sortir d’une forme de torpeur dans laquelle ils se sont vite installés : stade presque toujours vide, ambiance inexistante, courses pas toujours spectaculaires. Il y aura quand même eu quelques évènements un peu plus marquants que d’autre : le concours de la hauteur chez les hommes avec cet Ukrainien volant qui a failli briser le record mythique du Cubain Sotomayor, le doublé de Mo Farah comme aux Jeux Olympiques, la faillite de Kirani James dans la dernière ligne droite du 400m ou encore ce concours du triple saut complètement fou de Teddy Tamgho (nous y reviendrons).

L’un des grands moments de ces Championnats du Monde aura surtout été la « renaissance » de l’idole du peuple russe, celle que l’on surnommait la « Tsarine », la perchiste Elena Isimbayeva. Après trois années plus que dures pour elle, peu de gens croyaient à un retour possible au plus haut niveau de la détentrice du record du monde de la discipline. Dans un concours de très grande qualité, elle a réussi à garder les nerfs solides et un niveau de performance très haut pour arracher une médaille d’or qui marque peut-être la fin de sa carrière (même si elle se voit aller à Londres après une pause grossesse). Il est juste très dommageable qu’elle ait ternie ce grand moment de sport par ses propos inqualifiables sur les homosexuels, surtout dans un climat rendu délétère par cette loi russe qui s’applique même aux athlètes (et qui sera en vigueur dans six mois aux Jeux Olympiques). C’est aussi pour cela que l’on ne peut pas parler de ces Championnats comme d’une immense réussite mais ils auront offert quelques beaux moments.

Saga Jamaica

Depuis qu’il a explosé au grand jour un soir d’août 2008, Usain Bolt a fait rentrer toute sa discipline dans une autre dimension. L’athlétisme est clairement devenue Bolt-dépendante. Alors, on scrute ses moindres faits et geste, ses chronos. On s’interroge sur sa capacité à battre encore et toujours des records. Lorsque l’adversité est presque inexistante (sans vouloir faire injure à ses concurrents des finales mondiales de cette année), l’enjeu n’est plus de savoir qui va gagner mais qui va accompagner le roi du sprint sur le podium. Lors des deux finales qu’il a disputées à Moscou en individuel, il ne s’est clairement pas employé à fond mais il a choisi de plutôt assurer ses victoires sans forcer sur un physique qui commence doucement à être moins résistant. A l’arrivée, ça fait un nouveau triplé (le quatrième en grande compétition depuis 2008, tout cela agrémenté de deux titres en 2011). C’est simple, il y a lui et les autres. Mais le souci, c’est que, chez les femmes, il a trouvé une réplique, beaucoup moins élancée et aux cuisses plus marquées, mais tout aussi efficace puisque Shelly-Ann Fraser-Pryce repart de Moscou elle aussi avec trois breloques dorées (deux en individuel et le relais). C’est vraiment incroyable de voir comment ce pays a fait main-basse en moins de dix ans sur le sprint de cette façon, sans entrer dans quelconque polémique concernant des règles anti-dopage plus laxistes sur cette île des Caraïbes. En tout cas, après eux, rien ne sera plus comme avant, surtout pour des Américains, réduits au simple rang de faire-valoir.

Une France en clair-obscur

Autant le dire d’emblée, la France est à son niveau. Dans un sport où elle n’est pas dominante dans le concert mondial, du fait d’une belle densité dans presque toutes les disciplines mais du manque évident d’un vrai point fort (le demi-fond pour Ethiopie ou le Kenya, le sprint pour la Jamaïque ou les lancers pour les pays de l’est). Repartir avec quatre médailles dont un titre est à peu de choses près ce qui était attendu et on ne peut guère espérer plus actuellement. Il n’y a donc pas de raisons de se plaindre outre-mesure. Mais, tout de même, le déroulement de ces championnats m’a donné quelques regrets car de quatre, on aurait pu pourquoi pas doubler le pactole sans que cela soit scandaleux outre-mesure. Et forcément, ça laisse quelques regrets.

Parlons d’abord des franches réussites, c’est plus sympa, non ? Elles sont pour moi au nombre de quatre et, étrangement, elles correspondent aux quatre premières places pour autant d’athlètes. Alors, commençons par le « bas » et c’est donc Kevin Mayer qui est forcément à l’honneur. A vingt ans, il a réussi un décathlon formidable avec, notamment, une dernière journée incroyable qui l’a vu remonter peu à peu pour échouer au pied du podium sans une bonne dose de panache dans un dernier 1500m entamé tambour-battant et terminé plus que difficilement. A son âge, c’est une très belle promesse pour l’avenir et c’est sûr qu’on le reverra, au grand dam de tous les hommes qui ont eu le malheur de regarder avec leurs copines ou leurs femmes l’athlé ce soir-là… Avec une nouvelle médaille internationale (le bronze cette fois-ci), Mekhissi-Benabbad confirme un niveau assez incroyable qui le voit lutter les yeux dans les yeux avec des Kenyans pourtant maîtres incontestés de la discipline. Maintenant, il ne reste juste qu’à espérer qu’il puisse, un jour, passer la marche supplémentaire qui lui donnerait l’or. C’est ce qu’a parfaitement réussi Mélina Robert-Michon, lanceuse de disque de l’ombre qui n’avait jamais à exprimer au mieux son talent lors d’un unique concours. Avec le record de France en prime, elle ramasse une médaille d’argent qui (même si l’expression est débile) vaut de l’or. Enfin, comment ne pas parler de Tamgho, le triple-sauteur complètement fou que je sentais plus que bien (j’avais parié sur sa victoire la veille, mes frères peuvent confirmer) et qui a sorti un concours de mutant avec trois sauts mesurés au-delà de 17,60m et trois autres mordus mais bien au-delà des 18m. Et il restera ce chef d’œuvre, ce type de moments qui font passer de l’Histoire à la légende : ce saut qui retombe au-delà des 18m et qui en fait le troisième homme à franchir une des barres mythiques de l’athlétisme, le tout un soir de finale. Bravo l’artiste.

Même du côté des déceptions, il y a beaucoup de cas différents à bien séparer. On trouve d’abord un pur scandale, qui est celui du relais féminin 4x100 qui, après une course magnifique, a réussi à obtenir la médaille de bronze. Malheureusement, l’un des passages était plus que limite (et même hors-zone si on regarde bien les images). Une disqualification en elle-même n’est pas scandaleuse bien que très décevante après un tel exploit. Mais ce qui l’est, par contre, c’est d’avoir attendu si longtemps (le protocole était passé, les médailles données, la fête quasiment engagée) avant de revenir sur une décision qui aurait logiquement dû être entérinée à ce moment précis. C’est encore plus terrible pour ces jeunes femmes qui ne méritaient pas du tout un tel traitement et qui vont sans doute avoir du mal à s’en remettre. Ensuite, il y a les jeunes qui ont « payé pour apprendre » comme on dit : il s’agit de Jimmy Vicault qui aurait dû rentrer en finale et même, pourquoi pas, y jouer une bonne carte mais qui a peut-être été un peu crispé en demies, mais aussi de Pierre-Ambroise Bosse, bon finaliste pour sa première participation à des mondiaux mais dont on aurait pu aussi espérer plus dans celle-ci. Enfin, je pousse un petit coup de gueule envers Renaud Lavillenie qui est un vrai champion de son sport (le meilleur, sans doute) et qui n’a pas de honte à n’avoir remporté que la médaille d’argent dans une discipline tout de même assez aléatoire. Par contre, son attitude de « mauvais perdant » est difficilement excusable. Il n’a eu de cesse de trouver des raisons qui expliquaient ce qu’il considère comme un échec (piste d’élan trop courte, mauvaise organisation). Honnêtement, quand on arrive avec presque les dix meilleures performances de l’été et que l’on domine de cette façon sa discipline, on ne peut pas s’abaisser à ce genre de comportement…

UN ÉTÉ DE SPORT

LUNDI : Tournoi de Wimbledon
MARDI : Tour de France
MERCREDI : Championnats du monde de natation
JEUDI : Reprise du championnat de Ligue 1




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