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TimFaitSonCinema
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TAKE SHELTER

Curtis a une vie tranquille, avec sa femme et sa fille sourde. Sauf qu’il commence à avoir des visions la nuit, et une terreur de plus en plus grande qui l’habite : celle de l’imminence d’une tempête qui dévastera tout. Sa vie ne sera plus la même…
Verdict:
Un film assez incroyable car original dans sa façon de traiter la question de la folie. Les deux acteurs principaux donnent vraiment une densité au long métrage.
Coup de coeur:

Le duo d’acteurs, tout simplement incroyable

La date de sortie du film:

04.01.2012

Ce film est réalisé par

Jeff NICHOLS

Ce film est tagué dans:

Drame

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 La Critique


Alors que j’ai fini l’année 2011 avec un film où jouait Jessica Chastain, dans un rôle, il faut le dire, pas forcément majeur (Killing Fields), j’attaque 2012 avec la même actrice, qui a ici une place beaucoup plus importante dans ce long-métrage. Take Shelter fait du bruit depuis un certain temps, presque depuis un an en fait. En effet, lors de sa projection au festival de Sundance (le plus grand festival réservé aux films indépendants) en janvier dernier, les critiques avaient commencé à en parler. Son Grand Prix de la semaine internationale de la critique au Festival de Cannes 2011 n’a fait que renforcer l’attente suscitée par un film qui aura finalement mis beaucoup de temps avant de sortir sur nos écrans, créant un sentiment d’attente qui n’est pas toujours rassurant. Mais là, pour le coup, le buzz est plutôt mérité parce que Take Shelter est un film assez impressionnant.

Dès la scène d’ouverture, le ton est donné : le personnage principal voit une tempête arriver au loin et reçoit peu à peu une pluie un peu particulière, faite d’un liquide visqueux et de couleur jaune. Ce sont les premiers signes de folie qui guettent Curtis, un père de famille tranquille, père d’une petite fille sourde dont il essaie de s’occuper au mieux et mari aimant. Pendant tout le premier quart du film, on va vivre les différentes hallucinations de ce personnage qui paraît de plus en plus tourmenté, habité par la terreur d’une tempête dévastatrice. Jeff Nichols a un vrai talent pour faire monter à chaque fois peu à peu la tension psychologique. Toutes ces scènes sont montrées du point de vue de Curtis, ce qui implique directement le spectateur dans un monde qui, sans pouvoir être complètement réel, s’appuie vraiment sur du concret. De fait, il n’y a pas vraiment une véritable barrière entre réalisme et fantastique. Le film navigue donc dans un entre-deux trouble et particulièrement bien rendu.

Néanmoins, au bout d’une demi-heure, j’ai pris un peu peur en me demandant comment le film pouvait évoluer. En effet, on pouvait avoir l’impression que c’était sans fin. Mais, bien que restant sur cette base scénaristique très simple, le réalisateur réussit à faire changer les choses car, si les hallucinations continuent, il préfère nous montrer la réaction de cet homme face à ce qui l’accable. Car, ce qui est assez impressionnant dans ce film, c’est la manière dont le réalisateur parvient parfaitement à montrer la façon dont un homme s’enferme peu à peu dans des raisonnements assez incohérents, alors qu’il est parfaitement conscient de ne pas être dans un état normal. Son évolution par rapport à sa nouvelle pathologie et la modification du rapport avec ses proches sont vraiment bien analysées, avec quelques scènes particulièrement fortes. La réalisation de Jeff Nichols arrive toujours à instiller une sorte de tension, née en grande partie de cette limite pas toujours très nette entre réalité et hallucinations. Certaines scènes sont particulièrement fortes. La fin est elle aussi très puissante et clôt de façon ambiguë un long-métrage vraiment original dans sa façon de traiter la folie.

Le film est aussi réussi par la performance magistrale de ses deux acteurs principaux. Jessica Chastain prouve une nouvelle fois qu’elle est la très grande révélation de cette année de cinéma, dans un rôle où elle doit composer une femme obligée d’accompagner son mari dans des comportements de plus en plus étrange. Elle y est très forte et sait parfaitement moduler ses expressions. Mais que dire de la performance de Michael Shannon, acteur sans doute trop rare au cinéma, mais qui a une présence et une intensité tout simplement hallucinantes. On a l’impression qu’il donne vie à la folie qui habite son personnage. Un très grand numéro d’acteur, une nouvelle fois après un passage plus que remarqué en voisin qui met le couple en question dans Les noces rebelles. Cet acteur est vraiment un des meilleurs de sa génération, surtout dans ce genre de rôle.



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