La Critique
Il y a actuellement en France une mode qui est celle des « films de potes ». Ca a toujours existé, mais, depuis trois ou quatre ans, c’est devenu une sorte de manie. Les petits mouchoirs en est le meilleur exemple dernièrement mais Radiostars, Les Kaïra (dans une certaine mesure) ou Comme des frères qui va sortir tout bientôt sont aussi représentatifs d’un genre qui a malheureusement souvent ses limites. Deux ans après Tout ce qui brille – film qui renfermait de vrais défauts mais qui avait pour lui un vrai côté pétillant –, Géraldine Nakache remet le couvert avec Hervé Mimran et déplace le tout du côté de New York. Parce que, honnêtement, on est un peu dans le même genre de films, sauf que l’on rajoute trois garçons en plus à l’équipe. On multiplie donc les personnages, les pistes, et les embrouilles. Alors forcément, un tel film fait du buzz car, d’abord, Tout ce qui brille a été un vrai succès surprise mais aussi car Géraldine Nakache est la meilleure pote de tous les médias qui ont de l’influence chez les jeunes (Canal+ notamment) et Leïla Bekhti est en passe de devenir la « petite fiancée du cinéma français ». Il est vrai que c’est plutôt une bonne actrice, qui représente aussi, ne nous le cachons pas, un symbole de réussite et d’intégration, mais il n’y a pas non plus de quoi en faire tout un plat. Surtout que Nous York n’est pas loin d’être une vraie plantade, dans les règles de l’art.
Aller à New York, c’est bien. Mais ne presque rien en faire, c’est, par contre, beaucoup plus gênant et presque « criminel ». C’est pourtant vraiment ce qui se passe dans ce film. Nakache et Mimran avaient envie que la ville sans doute la plus fascinante au monde soit le décor de leur nouveau film. Alors, très vite, on y arrive et on n’en repartira plus. Le problème, c’est qu’en fait, l’histoire pourrait se passer à Paris, ou même à Besançon que ça ne changerait fondamentalement pas grand-chose. Ah si, les quelques discours sur le fait que New York est une ville qui, à la fois, te donne ta chance mais broie aussi tous les espoirs déçus. OK, mais, on ne va pas bien loin avec cela. La bande de potes qui se retrouve tout en se découvrant sous un nouveau jour, ce n’est pas d’une originalité folle comme idée et le scénario ne fait rien pour l’améliorer un peu ou pour réellement insérer cela dans le paysage new-yorkais. En plus, l’histoire est mal écrite et il y a de trop nombreux trous dans celle-ci. On a l’impression au bout d’un moment d’assister à une succession de scènes avec des combinaisons de personnages à chaque fois différentes. Mais le lien entre toutes ces séquences est encore à trouver. Au départ, on a tout de même envie de suivre ces deux filles et trois garçons mais, très vite (beaucoup trop vite), la petite bande devient très très lassante. Et vas-y que je m’embrouille pour rien, et vas-y qu’on retombe toujours sur nos pattes,… Entre les deux filles, c’est de toute façon assez simple, c’est exactement la même relation que dans Tout ce qui brille. Aucune différence. En plus, il y a un vrai côté bêtement manichéen, notamment entre cette grand-mère juive et cette star américaine qui est une sorte de fantasme pendant presque tout le film. C’en est presque un peu gênant.
En fait, au bout d’un quart d’heure, on se rend compte que l’on se fout complètement de toutes leurs petites affaires mais, pendant une heure et demie, on va y avoir droit, en long, en large et en travers. Il manque quelque chose d’un peu fondamental dans ce genre de films, surtout pour une comédie : un minimum de fond. Là, on est dans le domaine de la plus parfaite superficialité et il n’y a vraiment rien qui ressemble de près ou de loin à cet indispensable fond. C’est pour cela que c’est dur de véritablement critiquer ce film : il ne nous donne à peu près rien, si ce n’est une ou deux bonnes idées (à prendre au sens littéral : il y en a vraiment pas plus de deux). C’est le cas notamment de celle autour de la chanson New York, New York. Je n’en dis pas plus parce que si, en plus, je raconte les deux seules bonnes minutes du long-métrage… Il y a un nombre trop important de blagues qui tombent à l’eau soit parce qu’elles ne sont pas drôles (souvent), soit parce qu’elles sont répétées entre six et dix fois (au moins). C’est tout juste incroyable… Géraldine Nakache, Manu Payet et Leïla Bekhti sont les trois complètement dans les rôles auxquels ils nous ont habitué et ça en devient lourd à la longue. Baptiste Lecalpain, lui, est la petite découverte du film, et il donne un tout petit peu de relief à son personnage, mais cela reste clairement insuffisant. Le problème fondamental de ce long-métrage, c’est donc qu’il apparaît comme un film de potes, fait entre potes et, aussi, en grande partie pour les potes. C’est une démarche qui me paraît un peu nombriliste et qui, là, en tout cas, ne fait pas ses preuves, loin de là. Il me reste juste à espérer que ce n’est pas parce que les réalisateurs ont été grisés par le succès de leur premier film qu’ils ont été si légers pour leur deuxième. S’il vous plait, retrouvez un peu du peps qui faisait le charme de Tout ce qui brille et, pour le prochain film, faites mieux, beaucoup mieux.